Salaün Magazine N°6 - page 36

Salaün
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You d'orange, you d'orange... »
Le long du couloir des voitures-
couchette du train de nuit
Chiang Maï-Bangkok, la propo-
sition désaltérante scandée par
le serveur du wagon-bar et sa tentative de
parler français, donne le signal du réveil.
Parti à 17h30 du nord de la Thaïlande, le
train a glissé dans la nuit au rythme du
clac-clac des rails d'autrefois en France.
Mais en tout confort. Au moment choisi
par le passager, le responsable de la voiture
a relevé d'un rien sa casquette sur l'arrière
du crâne pour exécuter une chorégra-
phie locale : il soulève, déplie, décoince,
emboîte, relève, rabaisse, accroche, borde...
et tapote l'oreiller, promesse de beaux
rêves. Superposés par deux de chaque
côté du couloir, les lits de la 2ème classe
ainsi montés se cachent derrière un épais
rideau protecteur de sommeil. Après un
passage plaisir par le wagon-restaurant.
Là, on mange, et bien, mais l'hôtesse
sait aussi monter le son de la musique
pour faire se lever les voyageurs sous les
spots clignotants d'une mini discothèque
improbable. Des liens se nouent entre
passagers de toutes nationalités mais
avant minuit, il faudra rejoindre chacun
sa couche. C'est donc en pleine forme
qu'à 6h30, comme prévu, on respire sur
le quai de la gare de Hua Lomphong les
premiers parfums de Krung Thep Maha
Nakhom Amon Rattanakosin Mhindray-
thaya Mahadilokrop Noparatana Rajdhani
Buriram Udon Rajnivet Mahasatan Amom
Pimam Avatam Satit... la ville au nom le
plus long du monde, alias pour les Thaïs,
Krung Thep, la cité des anges ou, pour le
monde entier, Bangkok.
Sans attendre, je saute dans un taxi vers
l'embarcadère de Tha Si Praya pour un
petit-déjeuner au bord du Chao Praya,
le fleuve artère de la ville. Un spectacle
inouï de chalands surchargés croisant des
bateaux-taxi, des pirogues, des restaurants
flottants, des ferries, des yachts... et les
fameux longue-queue, ces embarcations
effilées poussées par un moteur de camion
avec une hélice au bout d'un long axe
de métal, qui permettent de naviguer
quelque soit la profondeur des voies d'eau.
Avec à la main, une noix de coco percée
d'une paille, on embarque, direction les
klongs. La rivière se rétrécit et devient
chemin d'eau entre les maisons sur pilo-
tis du quartier de Thonburi. C'est en fait
« TOUTE UNE VIE
S'ORGANISE AU FIL DE
L'EAU DANS UNE SÉRÉ-
NITÉ QUI SURPREND»
Ci-contre, dans les
klongs, les longue-
queues et bateaux-taxis
s'ornent de colliers de
fleurs porte-bonheurs.
A gauche, au mini
temple installé
devant une portion
du bouddha couché
géant de Wat Pho, de
jeunes collégiennes
se recueillent après
l'école. En haut, sur
la rivière Chao Praya,
le ballet des bateaux
traditionnels face
aux gratte-ciels de la
Bangkok moderne.
Ci-contre, les éclats
de porcelaine qui le
recouvrent donnent
ses couleurs au Wat
Arun.
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