Salaün
Magazine
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DOSSIER|
L'Ouest américain
bigarrés alignés le long de charmants
pontons. Lieu de contre-culture dans
les années soixante, il est aujourd'hui
un quartier bourgeois-bohème serein et
ouvert.
Mais les couleurs de San Francisco,
une des villes les plus multiculturelles
au monde, se déclinent aussi sur les
visages. North Beach, l'ancien quartier
latin de San Francisco, est ainsi né de
la rencontre des cultures de nombreuses
communautés immigrées, depuis le
temps de la ruée vers l'or. On y trou-
vait des communautés hispaniques, des
Français, des Basques, des Italiens, qui
y ont tous laissé leur marque. On aper-
çoit ainsi plusieurs bars ou restaurants
français. L'empreinte « latine » se ressent
aussi dans le goût prononcé des habi-
tants de San Francisco pour les cafés et
les bonnes tables. « Ce sont les Italiens
qui ont fini par devenir dominants dans
le quartier », nous explique Ryan Musso,
notre guide. « La partie de North Beach
surnommée Little Italy est plus vaste
que celle de New York par exemple. Ici,
les cultures s'additionnent sans dispa-
raître, et cela donne une vraie richesse
à la ville. »
Tout en saluant un restaurateur du quar-
tier en italien, Ryan nous guide vers la
ruelle Jack Kerouac. Un lieu parfait pour
poser notre caméra et l'interviewer sur
le passé littéraire, notamment beatnik,
dont l'ombre plane encore sur San Fran-
cisco. « Nous sommes à deux pas de la
célèbre librairie
City Lights
, ouverte par
Lawrence Ferlinghetti et Peter Martin en
1953. Ils furent les premiers à vendre des
livres de poche, et se firent connaître en
publiant les auteurs anticonformistes de
la Beat Generation, dont Allen Ginsberg.
Jack Kerouac fréquentait cette librairie
et le café à côté. Il était d'origine cana-
dienne, mais avait aussi des ascendances
bretonnes, ce dont il était très fier.
» À deux pas de la librairie, un
musée passionnant consacré à la
Beat Generation présente de nom-
breux documents sur Kerouac et
ses amis, et même la voiture uti-
lisée pour tourner l'adaptation au
cinéma de son célèbre roman
Sur
la route
.
La ruelle Jack Kerouac sépare d'ail-
leurs le quartier de North Beach du
Chinatown de San Francisco, à la fois
considéré comme le plus grand quartier
chinois en dehors d'Asie et l'un des plus
authentiques. Loin d'être une attraction
touristique, c'est une ville dans la ville,
où l'on aime flâner mais aussi goûter à
l'exotisme de la cuisine chinoise.
Le charme de San Francisco vient de
son atmosphère décontractée, de ses
rues animées et colorées qui alignent
fièrement leur
painted ladies
, les dames
peintes, ces maisons de bois de style vic-
torien, arborant de jolies couleurs pas-
tels. Certaines rues très pentues de San
Francisco sont gravées dans la mémoire
collective, à l'instar de Lombard Street
et ses étonnants lacets. C'est sur ce
charmant relief escarpé qu'évoluent les
tramways de San Francisco, mus par un
système de câbles souterrains. Un petit
musée est consacré à ces wagons d'un
autre âge, maintes fois sauvés de la des-
truction par les protestations émises par
les habitants de la ville.
« Peuplée de cheveux longs »
La maison bleue existe. Elle a même été
récemment repeinte, et c'est Maxime
le Forestier qui lui a donné le dernier
coup de pinceau. C'est à cette adresse
qu'il a séjourné quelques semaines
en 1970. Sa chanson,
La maison
bleue
était un cadeau de remercie-
ment à la communauté de hippies
qui y vivait alors. Cette maison se
trouve dans le quartier de Castro,
haut lieu du combat pour la recon-
naissance de l'identité et des droits
des gays, bisexuels, lesbiennes ou
transsexuels. Ce sont les campagnes et
les victoires de l'homme politique Har-
vey Milk, élu du quartier dans les années
soixante-dix, qui en ont fait un symbole
pour le monde entier. Dans le quartier
Ici, les cultures s'addi-
tionnent sans disparaître
et donnent une vraie
richesse à la ville
Page précédente : à gauche, des murs peints sur la facade d'un immeuble, représentant des géants du jazz. À droite : la
Transamerica Pyramid, autre symbole de San Francisco avec le Golden Gate, domine Downtown de ses 260 m.
Ci-dessus : insolite, la Lombard Street, avec ses lacets en zig zag, est la rue la plus pentue de la ville.
