Salaün Magazine n°7 - page 33

Salaün
Magazine
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de Castro, un gigantesque drapeau arc-
en-ciel flotte aujourd'hui au bout de
Market Street, à deux pas du célèbre bar
Twin Peaks, premier bar gay de la ville,
et peut-être du pays. C'est à quelques
centaines de mètres de là, en haut de
la célèbre colline de
Twin peaks
, que
nous tournons les images du lancement
de notre séquence sur San Francisco.
Aucune brume à l'horizon, le panorama
est superbe. À l'heure où San Francisco
s'allume dans mon dos, pas question de
rêvasser : il nous faut ranger le maté-
riel rapidement car nous devons filmer
un autre quartier, sans lequel celui de
Castro n'aurait pas connu ce destin :
Haight-Ashbury.
C'est ici, sur des barricades fleuries, et
enfumées que fut déclenchée la révolu-
tion des mours et des idées qui s'em-
para de San Francisco et du monde
entier dans les années soixante. Ici
que vivaient deux icônes de la contre-
culture : les chanteurs Jimi Hendrix et
Janis Joplin. Nourris par leurs prédé-
cesseurs de la Beat Generation, les hip-
pies, rejetant le conformisme, la société
de consommation et la guerre du Viet-
nam, prônaient en revanche l'écologie,
l'amour libre et la découverte de soi, fût-
ce par la quête spirituelle ou l'usage de
drogues comme le LSD et la marijuana.
Tout a commencé avec le voyage d'un
étrange bus coloré à travers les États-
Unis en 1964, avec à son bord l'écrivain
Ken Kesey, auteur de Vol au dessus d'
un
nid de coucou
ainsi que Neal Cassady,
poète et ami de Jack Kerouac. Ils furent
rejoints par le poète beatnik Allen Gins-
berg à New York. C'est ce voyage déli-
rant, parti de Californie, qui a lancé la
vague hippie et les fondamentaux du
genre. Trois ans plus tard, le quartier vi-
vait l'incroyable « Summer of Love », qui
vit converger près de 150 000 personnes
dans ce quartier devenu capitale mon-
diale des hippies. Un séisme qui eut de
nombreuses répliques, dont le Mai 68
français, l'année suivante.
Aujourd'hui, si ce quartier continue à
attirer les hippies nostalgiques, il n'est
plus le poumon culturel et artistique de
San Francisco. Pour le trouver, il faut
se diriger vers le sud et le quartier de
Mission, un des plus vibrants de la ville.
Artistique, branché, populaire, écolo,
latino, il est aussi fréquenté par les gou-
rous de la Silicon Valley, dont le patron
de Facebook, qui y possède une maison.
Mission est à la croisée du San Francisco
d'hier et de demain, il faut donc le dé-
couvrir d'urgence.
Malgré la flambée des prix provoquée
par la ruée sur Internet et les revenus
du Web, San Francisco garde un sacré
caractère. Sa population cultive avec
fierté son esprit libertaire et non confor-
miste, qui se traduit aujourd'hui encore
par une plus grande tolérance et un sen-
timent de fraternité qui perdure, même
si d'autres villes américaines comme
Oakland, Portland, Austin ou Asheville
ont repris le flambeau. À San Francisco,
dans l'immense parc du Golden Gate, au
cour de l'été indien, chaque année, un
festival de musique gratuit - financé par
un banquier mordu de musique - perpé-
tue la tradition des festivals lancée dans
les années soixante. Dans une ambiance
paisible et sous le soleil orangé de la
baie, les fleurs s'obstinent à pousser
dans les cheveux de la jeunesse de San
Francisco.
L'Ouest américain est un univers à part
entière, la source principale du rêve
américain. Qu'on s'y rende pour décou-
vrir des paysages somptueux, goûter à
l'infini du désert, briller sous les projec-
teurs d'Hollywood ou rêver à un monde
meilleur à San Francisco, on en part
avec un autre rêve : y revenir bientôt.
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DOSSIER|
L'Ouest américain
À gauche : l'un des célèbres cable cars, derniers tramways à traction au monde à circuler
de façon régulière. À droite : LE symbole de la ville, le Golden Gate Bridge.
L'Ouest américain
est un univers à part
entière, la source
principale du rêve
américain.
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