Salaün Magazine N°6 - page 56

Salaün
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Page 56
Mémoire
Dien Bien Phu,
Le tombeau du colonialisme
Près du musée
de Dien Bien
Phu, le bunker
qui abritait l'état-
major du général
de Castries a
été reconstitué.
Froid et sombre
comme une
tombe.
Le musée raconte les grandes étapes de la bataille de Dien
Bien Phu et met en scène les acteurs de cet affrontement
d'une violence inouïe. On peut y voir l'un de ses fameux vélos
sur lesquels on pouvait transporter jusqu'à 300 kilos.
D
ien Bien Phu est aujourd'hui une ville de 70 000 habitants,
sans charme mais prospère. Rien à voir avec le petit village qui
vit, en novembre 1953, tomber du ciel les parachutes envoyés
dans cette cuvette pour y installer un camp retranché qui pro-
tégera le Laos voisin de l'invasion du Vietminh.
Une cuvette ? Plutôt une grande plaine de 18 kilomètres de long sur
sept de large. Mais une grande plaine entourée de montagnes d'où l'on
domine tout le camp, installé au centre et sur des petites collines épar-
pillées sur toute la zone. A portée de canon. Mais les stratèges français
sont confiants : jamais les « Viets » ne pourront transporter et hisser de
canons sur ces montagnes. Ils se trompent.
A force de courage, au prix de sacrifices énormes, les hommes - et les
femmes - du général Giap parvinrent à acheminer armes, munitions,
vivres tout autour du camp français. Le 13 mars 1954, Giap déclenche
une bataille terrible contre des troupes françaises privées de tout ravi-
taillement aérien.
Elle s'achèvera le 7 mai suivant. L'empire français vient de subir une
défaite qui sonne le glas du colonialisme à l'ancienne.
Aujourd'hui, il ne reste plus beaucoup de vestiges de cette célèbre ba-
taille, même si on ne peut se rendre à Dien Bien Phu sans une certaine
émotion. On peut visiter le bunker du Général de Castries où tout l'Etat-
major français fut fait prisonnier. Il a été entièrement reconstruit à l'iden-
tique. Les visiteurs vietnamiens viennent s'y faire photographier un dra-
peau à la main et le sourire des vainqueurs aux lèvres. Un musée assez
sommaire retrace le déroulement de la bataille sur une grande carte et
au travers de scènes reconstituées et expose différents objets. On peut y
voir notamment une des fameuses bicyclettes utilisées pour transporter
les canons. Et découvrir qu'elles étaient de fabrication française !
La fin d'une époque
Non loin du centre ville, la colline « Eliane » a été conservée et restaurée.
Elle fut, pendant 39 jours, le théâtre de furieux combats au corps à corps.
A ses pieds, un cimetière viet. Et un vieux char rouillé. Le temps a passé.
Mais Dien Bien Phu reste un symbole. Pour les Français, celui d'une dé-
faite inévitable ; pour les Vietnamiens celui d'une victoire décisive. Pour
les deux, le symbole de la fin d'une époque.
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