Salaün Magazine N°6 - page 60

Salaün
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classée dans son Patrimoine mondial,
veille sur elle comme un trésor. Ici, pas de
buildings dont un nouveau pouvoir aurait
fait son orgueil. L'architecture se satisfait de
quelques immeubles coloniaux sans grandes
prétentions, de quelques dizaines de temples
magnifiques et de maisons en bois tradition-
nelles. Ici, personne ne pète plus haut que
son cul. Il en résulte une douceur de vivre
que nos civilisations occidentales ont oubliée
et qu'il faut savoir savourer en se pliant aux
rythmes de la ville. Luang Prabang est une
des plus belles villes du monde. Un trésor à
partager avec précaution et respect.
La vie commence à l'aube, avec le défilé
des moines qui quêtent leur nourriture
de la journée, et s'achève le soir avec le
dernier marché nocturne, où se mêlent les
marchands de produits ethniques, à l'origine
indéfinissable, et les vendeurs de tout ce qui
peut se manger. C'est à dire au Laos : tout
! Depuis le rat jusqu'à la taupe en passant
un pauvre écureuil dont on se demande ce
qu'il reste si l'on ne boute pas la fourrure.
Une vraie capitale
Sur la route de Vientiane, nous faisons étape
à Vang Vieng. Une petite ville sans intérêt.
Sinon qu'elle est devenue un spot mondial
que fréquentent les jeunes Australiens et
Britanniques qui se jettent dans le fleuve en
oubliant qu'il n'y a pas de fond et - lorsqu'ils
ne se tuent pas dans ces plongeons suici-
daires - finissent leurs rêves dans des bars
où des produits illicites ne sont guère plus
chers qu'une bière bien fraiche. Les gueules
de bois ne sont pas les mêmes.
A quelques kilomètres de là, non loin de ce
délire occidental, nous visitons la caverne
de Tham Jang. Une ascension à se péter
les poumons. C'est là que, pendant les
bombardements américains - la plaine des
Jarres n'est pas loin - les Laotiens se réfu-
giaient de l'autre côté du Mékong, dans des
grottes inaccessibles. On les atteignait par
des échelles de cordes et elles étaient plon-
gées dans la plus profonde des obscurités.
Le peuple laotien, malheureusement pour
lui, n'a pas toujours été oublié. Comment
expliquer cela aux jeunes Australiens qui se
démontent la tête et la colonne vertébrale à
quelques kilomètres de là ?
Et c'est l'arrivée à Vientiane. On va faire
simple : c'est tout le contraire de Luang
Prabang. Une capitale. Une vraie. Avec ses
palais coloniaux investis par les nouveaux
pouvoirs. Il faut vraiment plonger dans ses
beaux quartiers du centre pour lui trouver un
charme accessible. Ou alors se promener le
long de la riviera duMékong. Les restaurants
et les bistrots y abondent. Et de l'autre côté,
c'est la Thaïlande.
Le petit Peuple du Laos ne dira jamais assez
merci à ce grand fleuve qui la préserve du
monde.
En haut, la route vers Luang Prabang traverse une plaine très fertile dans laquelle
le « buffle à essence » a remplacé le buffle noir pour travailler les champs de riz.
En bas, le marché nocturne de Luang Prabang vit jusqu'au cour de la nuit.
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