Salaün Magazine N°6 - page 59

Salaün
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tion sur cette rivière qui traverse des paysages
extraordinaires et offre une succession de
rapides et de plans d'eaux calmes. Sur les
rives, un petit peuple regarde les bateaux filer
avec le courant ; sur les plages de sables les
animaux semblent vivre en paix comme aux
premiers jours dumonde. Les cochons vivent
avec les buffles, les petits avec leurs mères.
Les femmes et leurs enfants vous saluent
comme des visiteurs fugitifs et bienveillants.
Le diable n'est jamais rentré dans cet Eden
dont même les dieux ne semblent jamais
s'être occupés.
A Nong Khiaw, notre terme de cette esca-
pade fluviale, nous renouons avec une vie
plus animée. Des hôtels, des restaurants
éclairent, le soir tombé, le bord des rues.
Ils offrent bonne nourriture, salons de
massages dans une sorte de bonhommie
qui vous laisse pantois. Vous buvez une
Beerlao - 64 cl que l'on n'est pas obligé
de partager - en grignotant une peau de
buffle grillée. Il faut juste apprendre à
recracher les poils. « La Beerlao », la bière
laotienne est une des fiertés du Laos.
Produite à l'origine par les Brasseries
et Glacières du Laos, fondée en 1973 à
Vientiane, elle est maintenant le produit
emblématique de la Lao Brewery Company
contrôlée à parts égales par l'état laotien
et le brasseur danois Carlsberg. Il s'agit
d'une « pilsner » copiée sur le modèle
tchèque, légère (5°), élaborée à partir d'un
mélange d'orge et de malt de riz.
Elle se consomme le plus souvent dans
des canettes de 63 cl. Petits estomacs
s'abstenir ! Les Laotiens en ingurgitent
des quantités phénoménales. Et ils savent
se montrer généreux. Il n'est pas rare de
les voir vous proposer de partager leur
Beerlao. La route vers Luang Prabang
traverse une plaine paisible. Dans les champs
on a repris le travail des rizières. C'est le
temps des labourages.
Dans une rivière, les
femmes récoltent avec
méticulosité une petite
algue verte. Pressée,
battue, séchée au soleil,
aromatisée avec des
graines de césembre et
des rondelles de tomate, elle se dégustera
comme une chips avec une bonne bière ou
un alcool de riz. Elle aura le goût des eaux
de la montagne et du travail des femmes qui
savent que la rivière coulera après elles. Pour
d'autres récoltes. D'autres enfants.
De l'alcool de riz. Il vous en manque ?
Dans un petit village sur la route, vous
pouvez vous arrêter à une distillerie. Là,
on fait ce que les Laotiens appellent du
whisky ou « lao lao ». Un alcool de riz
souvent très costaud dont les Laotiens
ont fait leur boisson nationale. C'est pas
mauvais. Pur. Mais il y aussi les accommo-
dements locaux. Pour résumer, tout ce qui
serpente, tout ce qui pique et tout ce qui,
de manière générale, transporte du venin
est destiné à sombrer dans l'alcool. C'est de
famille. Serpents, mygales, scorpions. Le
reste est affaire de goût et d'estomac. On
vous assurera que c'est excellent pour la
santé. Et on vous garantira des vigueurs
sans ordonnance.
Sa majesté Luang Pragang
Luang Pragang est l'ancienne capitale du
Laos. Du temps de l'empire. Elle a la majesté
de son passé sans avoir eu à souffrir de
la nécessité de grandir. L'Unesco, qui l'a
En haut, des fleuves,
des montagnes
et une végétation
luxuriante : le nord
du Laos partage les
mêmes paysages im-
pressionnants avec
le Nord Vietnam.
Ci-contre, à droite,
visage laotien.
En haut, Le port
de Muang Khua,
sur la rivière
Nam Ou.
En bas, l'alcool
de riz - le lao
lao - est la
spécialité d'un
petit village,
près de Luang
Prabang. Il y en
a pour tous les
goûts !
Le diable n'est jamais rentré dans
cet Eden dont même les dieux ne
semblent jamais s'être occupés.
Battue, séchée,
cette algue
verte servira à
fabriquer de très
fines galettes qui
se dégustent à
l'apéritif avec une
Beerlao.
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