Salaün Magazine n°7 - page 91

Salaün
Magazine
| Page 91
REPORTAGE |
Afrique du Sud
« Il fait trop chaud maintenant, ils ne vont
plus bouger. Ils reprendront la chasse ce
soir ou cette nuit », m'explique Michek.
Quand les fortes chaleurs s'abattent sur
le parc Kruger et que les points d'eau se
font rares, comme en hiver, il est assez
facile d'observer les éléphants à proximité
des cours d'eau. De toutes tailles et de
tous âges confondus, ils sont environ
une trentaine ce midi à dévaler une pente
poussiéreuse pour aller rejoindre d'autres
congénères regroupés dans les eaux de la
rivière Sabie. Certains se livrent à quelques
ablutions, d'autres se désaltèrent : je
resterais bien plus longtemps ici, pour
continuer d'admirer ce ballet aquatique
mais il faut hélas repartir.
Michek souhaite s'arrêter un peu plus
loin à Lower Sabie, un des principaux
campements du parc Kruger, où l'on
peut dormir sous une tente ou dans un
bungalow. Avis aux amateurs : les places
étant limitées, il faut parfois réserver un
an à l'avance, pour espérer trouver un
logement ! Mais si beaucoup font escale
ici en journée, c'est pour se rafraîchir,
se dégourdir les jambes et, surtout, pour
profiter de la terrasse panoramique de la
cafétéria. La vue, en contrebas, sur le lac
de retenue est tout simplement magique.
Sous mes yeux, pataugeant dans l'eau,
des buffles, des éléphants et des hippopo-
tames. Ces derniers, en dépit de leur allure
nonchalante et inoffensive, sont parmi les
animaux les plus dangereux d'Afrique,
notamment lorsqu'ils partagent le même
territoire que l'homme. Le soir, quand ils
doivent traverser un village pour partir
en quête de nourriture, les hippopotames,
en effet, n'hésitent pas à charger les
habitants qui, malencontreusement, se
trouvent sur leur passage. On imagine
facilement les tragiques conséquences
provoquées par l'attaque de ces animaux,
qui peuvent peser jusqu'à 3 t et sont dotés
d'une mâchoire s'ouvrant à 150°. Mais ici,
dans le parc Kruger, où l'activité humaine
est réduite au tourisme, les problèmes
territoriaux ne se posent pas.
Nous sommes remontés à bord de notre vé-
hicule et roulons maintenant en direction
d'un point d'eau que Michek tient absolu-
ment à me montrer, car cet endroit attire
toujours une faune très variée. « Là-bas, ce
sont des tantales ibis », me lance Michek.
Reconnaissables à l'extrémité rouge de
leurs têtes et à leurs longs becs jaunes,
ces échassiers se sont postés le long du
rivage pour tenter de harponner quelques
poissons. Une autre scène, plus intrigante,
attire cependant notre regard. Une dizaine
de crocodiles, attirés par la présence d'un
tantale ibis égaré, se sont dirigés vers le
rivage. Certains sont immobiles, d'autres
tentent d'encercler l'échassier. Ils attendent
un moment d'inattention pour foncer sur
cette proie potentielle. Celle-ci n'est pas
dupe, mais n'est pas, pour autant, déci-
dée à abandonner sa partie de pêche. Un
fréquent et rapide mouvement des yeux
lui permet instinctivement de garder ses
distances. L'attaque fatale n'aura pas lieu.
Le tantale ibis, cet après-midi, ne sera pas
au menu des crocodiles.
Nous avions aperçu de loin, ce matin,
le cou de quelques girafes émergeant
du bush. Par chance, elles sont trois, cet
après-midi, arrêtées en bordure de piste.
Les observer, se délectant de feuilles
d'acacias, est un pur bonheur. À quoi
pensent-elles, de là-haut, quand elles
nous regardent ? Je ne le sais pas, mais,
de toute évidence, elles préfèrent aller
voir ailleurs. Et c'est tant mieux tellement
leur allure, si élégante et gracieuse, me
procure un réel ravissement.
Le moment est venu de se diriger vers
Phabeni, une des dix portes du parc
Kruger. À moins de loger sur place, en
effet, le visiteur est contraint de quitter
la réserve avant 18 h, par exemple, au
mois de septembre. Au-delà, et pour
des raisons de sécurité, le contrevenant
encourt une très lourde amende. Ici ou là
encore, des impalas mais aussi une famille
de babouins, un troupeau de gnous, une
poignée de phacochères, une hyène et
quelques grands koudous. Une chose est
sûre maintenant, nous ne verrons pas le
léopard qui, avec l'éléphant, le rhinocéros,
«
Il fait trop chaud maintenant,
ils ne vont plus bouger. Ils reprendront
la chasse ce soir ou cette nuit.
»
1...,81,82,83,84,85,86,87,88,89,90 92,93,94,95,96,97,98,99,100,101,...116
Powered by FlippingBook