Salaün Magazine n°7 - page 87

Salaün
Magazine
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leur grand roi Chaka : le fondateur de la
nation zouloue.
Pour qui souhaite découvrir la culture
de ce peuple, il convient de se rendre
dans un village traditionnel reconstitué
comme celui de Gooderson Dumazulu,
par exemple. Ici, personne n'est dupe :
l'endroit, bien sûr, ne reflète pas la réa-
lité sociologique actuelle de la région,
mais témoigne cependant de la très forte
identité de cette ethnie. Les tambours ont
annoncé notre arrivée : le maître des lieux,
vêtu d'un pagne, est venu nous accueillir
à l'entrée du village. Celui-ci, protégé par
une palissade de branchages, est constitué
de plusieurs huttes circulaires. Quelques
femmes viennent à notre rencontre. Cer-
taines sont vêtues d'une tunique noire
ou mauve et coiffées d'un couvre-chef
rouge ; d'autres portent seulement un
pagne coloré, quelques colliers de perles
et laissent apparaître leurs poitrines dénu-
dées. « Seules les femmes non mariées
pratiquaient autrefois cette parade de
séduction, me précise Aimé. Cela leur
permettait, disait-on, de trouver plus
facilement un mari. Aujourd'hui, cette
coutume vise seulement à charmer le
public masculin. » Beaucoup se sont rincé
l'oil, mais quelques-uns seulement, à la
vue d'une bière très locale servie dans
une calebasse, décideront de se rincer
le gosier. Les rites de présentation et de
bienvenue sont faits, chacun maintenant
peut aller s'installer sur les gradins pour
assister au spectacle proposé par un groupe
de 9 femmes et de 5 hommes. Chants et
danses, rythmés par le son des tambours
et des casse-tête sur les boucliers, expri-
ment avec force le courage des guerriers
zoulous. Le chef, soucieux de la mise en
scène, se plaît à passer en revue sa petite
troupe entre deux danses. L'homme, aux
allures d'athlète, sourit pour les féliciter,
parle pour les encourager, chante et crie à
tue-tête comme pour les exhorter à plus de
bravoure encore pour la dernière danse, le
dernier combat. À nouveau les tambours
résonnent, les guerriers et les femmes
les plus jeunes sont invités à rejoindre
le chef. Le rythme s'accélère. Les jambes
remontent très haut et les pieds battent
violemment le sol sablonneux. Ces mou-
vements énergiques évoquent les coups
REPORTAGE |
Afrique du Sud
Enfant illégitime au moment de sa naissance, le jeune Chaka rejoint un autre clan
et apprend le métier des armes. Apprécié pour son zèle au combat et ses qualités
de stratège, il profite de son prestige militaire pour s'emparer du pouvoir. Dès
lors, l'histoire du peuple zoulou est en marche. Ambitieux, conquérant et à la tête
d'une puissante armée qu'il va lui-même structurer, Chaka sème partout la terreur.
Toutes les tribus des territoires annexés sont soumises à la langue, à la culture et à
la loi zouloues. Les rebelles, quant à eux, doivent fuir au risque d'être exterminés.
La géographie politique et ethnique de l'Afrique australe est complètement bou-
leversée. En l'espace de 4 ans seulement, Chaka vient de conquérir un territoire
plus vaste que la France. Leader charismatique, il n'en fut pas moins un despote
et un tyran sanguinaire, craint à la fois, par ses ennemis et ses amis. Celui que les
Européens appelleront le « Napoléon noir » sera victime d'un complot et poignardé
par son demi-frère en 1828.
le jeune
chaka
Page de gauche : la musique et la danse zouloues ont été
mondialement diffusées, notamment grâce aux reprises de chansons
traditionnelles, comme
Le Lion est mort ce soir
, et à l'artiste
international Johnny Clegg.
Ci-dessus : la seule représentation connue de Chaka Zoulou est une
esquisse de James King datant de 1824.
À droite : jeunes femmes zouloues vêtues du pagne traditionnel.
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