Salaün
Magazine
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Le souvenir d’une nuit où la communauté bretonne de New-York fêtait la
Saint-Yves en musique - à l’image des Irlandais qui y fêtent massivement la
Saint-Patrick - n’a pas entamé ma détermination à courir le célèbre Marathon
Mile, un parcours de jogging autour
d’un des réservoirs de Central Park,
rendu célèbre par de nombreux
films, dont Marathon Man, où l’on
y voit Dustin Hoffman s’entraîner.
Courir est d’ailleurs un bon moyen
de découvrir Central Park, qui
s’étend sur quatre kilomètres du
nord au sud et un kilomètre d’ouest
en est. Dans un état pitoyable au
début des années 1980, comme de
nombreux quartiers de New-York, il
a été largement restauré en faisant
appel à des fonds privés. Même s’il
est loin d’être le seul grand parc de
la ville, le poumon de Manhattan
est redevenu un lieu prisé des
New-yorkais qui y pratiquent de
nombreux sports, comme des
touristes. Sur ses grandes prairies,
des centaines de Manhattanites
y bronzent en toute insouciance,
tandis que d’autres y jouent
au frisbee, pratiquent le taïchi,
peignent ou prennent des cours de
gym collectifs. Les notes d’un saxophone s’échappent du kiosque où sont
donnés les concerts baptisés « Jazz on the Park » et s’élèvent au-dessus
d’un curieux château victorien, des prairies, des bois et des lacs artificiels
qui occupent la partie centrale de Manhattan, entre Harlem et Midtown.
Le parc est lui-même longé par une avenue surnommée le museum mile,
car on y trouve plusieurs musées, dont le Guggenheim, consacré à l’art
contemporain, ainsi que le célèbre Metropolitan Museum. Le muséum
d’histoire naturelle et son planétarium s’ouvrent eux aussi sur Central
Park. A l’est du parc, le quartier le plus huppé de la capitale, l’Upper East
Side dégage une ambiance propre et policée. Ce n’est probablement pas
le meilleur endroit pour sonder l’âme new-yorkaise. A moins de croiser
Woody Allen qui y joue de la clarinette avec son groupe de jazz les lundis
soir, à l’hôtel Carlyle.
Entre Midtown et Harlem,
Un monde à park…
Madison Square Gardens, sont le paradis
des
shoppers
, qui ne manquent pas de
visiter Macy’s, le plus grand magasin du
monde. Pour le luxe, la 5e avenue abrite
les plus grandes enseignes, mais n’offre
pas le même dépaysement que les plus
populaires 7e et 8e avenues.
Des musées incontournables
Critiqué par ses détracteurs car il est
emblématique du Manhattan des années
2000, dominé par la mode, les galeries
d’art, la gastronomie et les hôtels branchés,
le Meatpacking district, à deux pas de
Chelsea est devenu l’endroit à la mode.
Des potagers bios installés sur les toits
alimentent des restaurants branchés, des
visites guidées de galeries d’art à la mode
ont lieu chaque mois et la foule se presse
sur l’ancienne voie ferrée aérienne, la
High line, qui a fait l’objet d’une très belle
restauration et permet de surplomber tout
le quartier.New-York peut s’enorgueillir
de quelques uns des plus beaux musées
au monde. Au rang des incontournables,
le Metropolitan, le Louvre local, où sont
présentées des œuvres majeures de l’his-
toire de l’art européen, américain, mais
aussi africain ou indonésien. Le Musée
d’Art moderne, baptisé MoMa est lui
aussi un des plus fascinants de la planète.
Il est particulièrement intéressant pour
comprendre l’émergence de l’art américain
à l’issue de la deuxième guerre mondiale.
On y trouve de nombreuses œuvres des
Pollock et de Warhol, à côté de chefs
d’œuvres du monde entier. Le musée
Guggenheim ne fera en revanche pas
autant impression aux Européens qui
connaissent celui de Bilbao, dont l’archi-
tecture est plus impressionnante, mais
selon les expositions en cours, il vaut
néanmoins le détour. Que l’on découvre
sa
skyline,
sa ligne d’horizon, découpée
par les gratte-ciels à travers les hublots
de l’avion, du haut du Rockfeller ou à
bord d’un voilier ou un kayak sur la rivière
Hudson, voire d’un simple balcon d’hôtel,
New-York offre un panorama urbain à
couper le souffle, à nul autre pareil. Plus on
y pénètre, plus on se laisse envahir par son
cosmopolitisme radical, plus on ressent
l’étrange impression de faire partie de cet
univers qui balance entre l’affirmation décom-
plexée des différences et en même temps la
réunion de tous autour de valeurs et de réfé-
rences qui tendent à devenir celles de
l’humanité entière. On peut le déplorer
voir le craindre, comme ceux qui s’en
sont violemment pris à New-York il y a
douze ans. On peut aussi en tirer une
réelle ivresse, éprouver un sentiment de
liberté, l’impression d’entrer en commu-
nion avec un échantillon humain d’une
largeur inédite, se laisser aller à penser
que dans les rues de New-York, le concept
même d’humanité devient tangible…Une
chose est en tout cas indéniable : New-
York est aussi la capitale d’une certaine
mondialisation des âmes. Vu du pont de
Broolklyn ou de la terrasse de l’Empire
sate building, le temps d’un voyage, le
reste du monde apparaît alors comme une
vaste province. La notre.
Une des nombreuses prairies de Central Park
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