Salaün
Magazine
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«Une forêt
d’ arêtes, de
bouts de ci el
massicotés, de
lignes de fuites
sans cesse
contrariées,
découpent le cieL »
le Queens et Brooklyn, à l’est ou dans
le Bronx au nord, la diversité est plus
grande encore. En quelques heures de
promenade, on peut sillonner la terre
entière en traversant des quartiers lati-
nos, juifs, noirs slaves, asiatiques consi-
dérablement plus étendus que ceux de
Manhattan même. Découvrir New-York,
c’est se faire surprendre par des types
de visage, des couleurs de peau, des
langues que l’on n’entendra probable-
ment jamais ailleurs. En 2011, dans ses
entrailles, on recense et on enregistre
les derniers locuteurs de langues déjà
disparues dans leur berceau d’origine.
Rares sont en effet les cultures ou lan-
gues du monde qui ne comptent au
moins quelques représentants à New-
York. Même la langue bretonne fait
l’objet de collectages et donne lieu à
des manifestations culturelles, comme
récemment, au Bowery poetry club, où
des textes en breton ont été lus au côté
de poèmes d’une minorité caraibéenne,
les Garifunas.
Entre ciel et mer
Il n’y a pas meilleur endroit que les rives
de la très large rivière Hudson, dont le
premier pont se situe assez loin au nord,
après Harlem, pour constater que Man-
hattan est bien une île. D’autant que c’est
bien plus qu’une affaire de géographie :
«Là-bas, ce sont les États-Unis», me confie
malicieusement David, un traducteur
français qui y est installé depuis plusieurs
années, en désignant les immeubles
soigneusement alignés qui s’élèvent de
l’autre côté du bras de mer dans l’Etat du
New-Jersey. « Là-bas, les gens ont une vie
normale, ils se lèvent à 7h et se couchent
à 23h, ils vont en voiture faire des courses
dans les magasins… Tu devrais y aller, le
contraste est vraiment étonnant!» Croisant
quelques voiliers, un paquebot descend
la rivière en direction de la statue de la
Liberté, sur l’îlot d’Ellis Island, qui veille
sur l’entrée de la baie. Des mouettes crient
dans le ciel. Les berges du sud de l’île ont
été joliment aménagées pour les cyclistes
et les piétons. Elles abritent même une
marina ultra-moderne. Face au soleil
couchant, la brise printanière qui file sur
l’Hudson fait vite oublier le tumulte de
Midtown, le cœur de la cité.
« Stand clear of the closing doors ! » :
une voix lascive sortie d’un haut-parleur
prévient les voyageurs de la fermeture
des portes et le vieux métro file déjà
sous Manhattan. « C’est facile à trouver,
c’est à la 54e rue, près de la 5e avenue »,
m’a écrit Marie Martin une française,
En haut, sur
Broadway, avec
200 000 m2 de
surface, Macy’s est
considéré comme
plus grand magasin
du monde avec le
Goum moscovite.
Point de vue sur
Manhattan, depuis
Ellis Island.
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