Salaün
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la cour de fermes habitées par plusieurs
familles et d’où s’échappent des volées de
gamins aux sourires charmeurs au premier
arrêt d’un véhicule. Il n’est pas rare de voir
les Indiens préparer le pain du jour sur des
poêles à même le sol et accomplir des gestes
disparus depuis longtemps en Europe. Au fil
de l’itinéraire les images s’entrechoquent :
enfants pieds nus dans la poussière, sadhus
aux yeux écarquillés et à la barbe longue
vivant de mendicité le long des routes:
pour beaucoup de voyageurs, l’impression
de dénuement prédomine.
Nombre d’Indiens réfutent pourtant cette
idée. Pour eux, il ne faut surtout pas se fier
aux apparences vestimentaires et au mode
de vie. « Il ne s’agit pas de misère, explique
Arun Seth. Ce pays est composé de sociétés
parallèles. Dans chacune d’elle, on s’organise
selon son revenu et sonmode de vie. Chacun
peut par exemple trouver facilement un
moyen de faire la route de Jaipur à Delhi.
Contrairement à l’occident, où certains ne
pourront se payer le billet de train, en Inde,
chacun trouvera un moyen à sa mesure, qui
va du rickshaw bondé pour les plus démunis,
à l’avion ou véhicule de luxe. Chacun peut
faire le trajet et, plus largement, vivre sa vie. »
On dit que l’influence de l’hindouisme et
notamment la croyance en la réincarna-
tion explique une certaine acceptation des
inégalités et du système de castes par la
population indienne. Les Indiens font en
tout cas partie des peuples qui dégagent
une réelle joie de vivre malgré les difficultés
du quotidien. Ils l’expriment par exemple à
travers de nombreuses fêtes religieuses. Lors
de notre passage, les Hindous célébraient
Navrati, une fête qui dure neuf nuits et dix
jours en l’honneur de la déesse mère. Après
plusieurs journées de jeûne, la fête culmine
avec Dussehra, la victoire du dixième jour,
celle du dieu Rama triomphant du démon
Ravana. Selon l’épopée relatée dans le
Ramayana, l’un des écrits fondateurs de la
mythologie hindou, Sita, l’épouse du prince
Rama a été enlevée par Ravana le démon
à dix têtes. A la fin d’une longue quête,
Rama, aidé du roi des singes, tue Ravana et
délivre sa bien-aimée. La fête de Dusseerah
est particulièrement célébrée dans le nord de
l’Inde par de nombreuses troupes de théâtre
amateur qui jouent des parties du texte
chaque soir jusqu’au jour de Dusserah où
ils brûlent d’immenses effigies du démon.
Parmi les autres festivités qui ravissent
le visiteur, on peut citer Holi, la fête des
couleurs, par laquelle les Indiens célèbrent
l’arrivée du printemps
en s’aspergeant d’eau
et de poudres colorées.
Le dépaysement provo-
qué par un voyage en
Inde est tel que long-
temps après le retour, les bouillonnantes
ruelles de Delhi, les masques colorés de
Ravana, le son des cithares et tablas, le
parfum des dahls de lentilles, de currys
d’agneau, le regard appuyé des Indiens
restent gravés dans la mémoire. Tout comme
celui de cet écolier haut comme trois
pommes du village d’Achrol. Au terme d’une
visite de sa classe et d’un tour du village,
comme ses copains, il rivalisait de sourires
et de gestes pour me garder encore un peu
au milieu de leur petit groupe. Au moment
où je parvins finalement à les saluer et
prendre de la distance, ce petit bonhomme
trouva soudain la tendre astuce qui me
ferait me retourner une dernière fois : le
regard brillant, s’appliquant à bien articu-
ler les trois syllabes il me lança un adorable
Kenavo, « l’au-revoir breton », que j’avais
enseigné à sa classe une heure plus tôt.
S’il s’agissait de faire entrer toute l’Inde
dans dans un seul regard, dans une seule
voix, je retiendrai celle de ce gamin
d’Achrol. Kenavo mignon.
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Pressage de
l’huile de colza
à Mandawa,
dans la région
de Shekawati.
« Ce pays est composé de sociétés parallèles.
Dans chacune d’elle, on s’organise
selon son revenu et son mode de vie ».
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