Salaün Magazine n°7 - page 52

Salaün
Magazine
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REPORTAGE |
Tchernobyl
C'est un peu le cas. Après l'explosion, la
première urgence fut de tenter de boucher
le trou béant par lequel s'échappaient les
particules radioactives. Une entreprise
monstrueuse. Les premiers à monter au
front furent des pilotes d'hélicoptères. En
passant au-dessus de la centrale, à 200 m
d'altitude, ils larguèrent des tonnes de
béton sur la brèche large d'une dizaine de
mètres. Un travail de précision à effectuer
le plus rapidement possible : même à 200 m
d'altitude, l'air était lourdement radioactif.
Ensuite, on envoya des hommes au sol.
Mal équipés, ils ne pouvaient opérer que
par tranche de deux minutes, et beaucoup
y ont laissé leur vie. Ils ont ainsi jeté les
fondations de ce sarcophage qui semble
tout droit sorti d'un film de Ridley Scott.
Une arche gigantesque
Il disparaîtra bientôt de notre vue. Le
réacteur n° 4 est, en effet, le théâtre d'un
chantier gigantesque. À quelques mètres
de là, on construit une immense arche
métallique qui, lorsqu'elle sera terminée -
en 2016 - sera glissée sur rail pour venir
recouvrir le réacteur et en assurer un
meilleur confinement durant les travaux
de décontamination et de démantèlement
qui dureront des décennies.
Cette arche, qui a l'allure d'un hangar
à avions, possède des mensurations de
géant : 108 m de haut, 162 de large, 270
de long pour un poids de 30 000 t. Le
chantier, considéré comme le plus grand
du monde, a été confié à deux sociétés
françaises, Bouygues et Vinci, et emploie
plus de 2000 personnes. Les seules à vivre
sur un site qui compta jusqu'à 200000
habitants, que l'on évacua à partir du
27 avril 1986, dans des conditions hal-
lucinantes.
Pripriat, la cité radiée
C'est en se rendant à Pripriat que l'on peut
imaginer ce que vécurent les populations
civiles dans les heures qui suivirent la
catastrophe.
Pripriat était, jusqu'au 26 avril 1986,
une jolie petite ville nichée dans la ver-
dure, construite pour loger le personnel
qui travaillait à la centrale, distante de
3 km. Le loger et lui offrir un cadre de vie
agréable. Car l'Union soviétique choyait
les ingénieurs, techniciens et ouvriers
qui ouvraient au développement de son
énergie atomique.
Pripriat était donc une sorte de ville
modèle à la mode soviétique. Logements
confortables, écoles, collèges, salles de
sports, piscine olympique avec plongeoir,
théâtre, cinéma, des jardins, un parc
d'attraction avec grande roue et autos-
tamponneuses, des hôtels, des magasins,
un hôpital. Rien ne manquait au bonheur
des 40000 habitants que compta rapide-
ment la cité radieuse.
Rien. Pas même le 26 avril 1986. La ville
vécut une journée entière dans l'ignorance
totale du drame survenu durant la nuit
dans « leur » centrale Lénine. Personne
n'avait prévenu les habitants de Pripriat.
Des films tournés à l'époque montrent des
images surréalistes d'enfants se promenant
Mal équipés, ils ne pouvaient opérer
que par tranche de deux minutes
et beaucoup y ont laissé leur vie.
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