Salaün Magazine N°6 - page 90

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instructeur qui valide une aptitude. »
« Pilote, c'est un métier où on ne peut
pas se laisser aller », résume Vincent Roy.
«On est toujours en formation, toujours
en contrôle. Une carrière passe très vite
et rien n'est jamais acquis. Il faut savoir
aussi que dans un cockpit, nous sommes
tous interchangeables. Nous avons tous les
mêmes compétences. Le commandant seul
maître à bord, c'est de l'histoire ancienne.
Plusieurs catastrophes ont eu pour cause
essentielle cet isolement du commandant.
Maintenant, personne ne décide seul. Nous
nous contrôlons tous. C'est une règle de
base de la sécurité. »
04h00.
La température extérieure est
tombée à - 73°. Dans les réservoirs placés
au bout des ailes, le carburant est à -35°.
C'est trop bas. L'équipage décide de le
transvaser dans les réservoirs positionnés
plus près du fuselage. Là, il est à -12°.
« Le socle du métier, c'est l'anticipation,
confie Vincent Roy. Il faut être devant
l'avion. Pour que si l'incident se présente,
on soit capable de mettre en ouvre immé-
diatement une stratégie. »
8h00.
Quelque part au-dessus de la Russie
orientale. Le jour s'est levé. La rive du
Pacifique approche. « C'est pas un beau
bureau, ça », rigole Alain Le Lédan, en
admirant le paysage qui se déroule sous
le nez de l'A 380.
9h00.
Le front de neige annoncé par la
météo est passé durant la nuit. Il fait
grand soleil. Le mont Fuji Yama sort de la
brume et des nuages à droite de l'avion.
Au fur et à mesure que l'on approche, la
ville de Tokyo apparaît.
9h40.
Aéroport de Tokyo-Narita. La piste
est droit devant. «Mais, c'est qu'il y a du
vent ! », feint de se plaindre Vincent Roy.
« C'est toi qui as choisi de faire l'atterris-
sage aller ! », lui fait remarquer en riant
Alain Le Lédan. Vent ou pas, l'atterrissage
est impeccable. Le vol a duré 11 heures et
16 minutes. Comme prévu.
21 janvier. 12h00
.
Aéroport de Tokyo-Narita. Après deux
jours d'escale, durant lesquels chacun a
mené sa vie, l'équipage d'Air-France a dit
adieu à Tokyo. Ou plutôt à la prochaine.
C'est l'heure du départ. Dans les cabines,
hôtesses et stewards ont pris leurs postes
et gèrent l'embarquement des passagers.
Dans le cockpit, l'équipage s'est remis
au travail. Analyse de la route, calcul du
volume de carburant, briefings, check-
lists. Vincent Roy prend juste quelques
minutes pour aller saluer les passagers de
la première classe.
Puis c'est le décollage - deux minutes en
avance - après un dernier et révérencieux
salut à la japonaise du chef de piste.
L'A 380 grimpe vers le nord nord-
A l'arrivée à Roissy, le
commandant de bord,
Vincent Roy, et les deux
copilotes, Alain Le Lédan
et Pamela Boyer. En bas,
en cabine, le service du
déjeuner commence. Au
menu, des plats japonais
signés d'un grand chef.
Et un sourire!
En haut, on quitte la Russie orientale pour le Japon...
Au centre, à l'heure de l'informatique, les pilotes
manient encore le crayon et la table de multiplication.
En cas de problème, il vaut mieux être bien informé. En
bas, le tableau de la température du carburant dans les
différents réservoirs : - 35° sur les ailes?; -12° au centre.
Dehors, il fait - 70°.
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