Salaün Magazine N°6 - page 80

Salaün
Magazine
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Page 80
En haut, temple
bouddhiste dans les
environs de
Pyongyang.
Ci-contre et en haut,
à droite, dans le
métro de Pyongyang.
Il est de plus en plus
courant de pouvoir
échanger quelques
sourires et quelques
mots, avec les
habitants de la
capitale.
écrit en breton.
Côté « animations », les soirées à Pyong-
yang offrent des expériences tout aussi
déroutantes. Outre le célèbre spectacle
d'Arirang, il est possible d'assister à
des concerts et spectacles donnés par le
chour de l'armée populaire, des opéras
révolutionnaires, du cirque ou encore des
spectacles de danse et musiques tradition-
nelles donnés par des enfants. Celui auquel
j'ai pu assister célébrait l'anniversaire
de la fondation du parti des travailleurs.
Une chance exceptionnelle, selon mon
guide, qui m'a précisé que Kim Jong-un,
le dirigeant actuel du pays avait lui-même
assisté à sa représentation l'avant-veille.
Sorte de Riverdance nord-coréen, ce
spectacle fait se côtoyer des interprètes
féminines, tendance pop-kitsch, paillettes
et guitares électriques et pas moins de
deux cents choristes du cour de l'armée
populaire. Avec en arrière-plan, des slo-
gans percutants, des illustrations et photos
de travailleurs, de chantiers pharaoniques
en cours, de missiles qui fusent vers les
États-Unis, de fusées qui décollent et de
leaders en voyage dans tout le pays.
Un voyage dans le temps
Autant de moments qui viennent ren-
forcer le sentiment de dépaysement
ressenti par le voyageur occidental, qui
a parfois le sentiment d'évoluer dans
une autre époque, à la fois lointaine et
familière. Celle où les blue jeans et le coca
n'étaient pas encore tout à fait acceptés,
où les gens marchaient dans la rue en
regardant droit devant eux plutôt qu'un
petit écran, où les hommes fumaient de
manière incessante et en tous lieux avec
un plaisir non dissimulé. Un temps où les
champs étaient noirs de monde, où l'on
se déplaçait à pied ou en vélo des heures
durant, où les collants étaient encore
très opaques et les femmes se mariaient
en costume traditionnel. Un temps où le
progrès technique et la modernité était
pour les dirigeants comme les dirigés la
promesse de développement pour les uns
et une promesse de liberté pour les autres.
Car ici aussi, malgré l'isolement du pays,
le bruit du monde se fait entendre. Sous
embargo des Nations Unies pour un cer-
tain nombre de produits et équipements,
depuis les années 2000, l'économie nord-
coréenne a développé ses échanges avec
la Chine, la Thaïlande ou encore la Russie.
Une petite station de ski adossée au mont
Massik vient même d'être inaugurée par
Kim Jong-Un.
Si vu de l'extérieur ce sont les démonstra-
tions de force du pouvoir qui donnent le
pouls de la vie économique et sociale de
la Corée du Nord, sur place les signes ne
trompent pas : du nouveau smartphone
coréen, lui aussi baptisé Arirang, aux
petites échoppes qui vendent des produits
à l'entrée de tous les restaurants, des
voitures Hyundai, dont le fondateur est
originaire de Corée du nord, aux langues
étrangères qui fleurissent sur les langues
des jeunes Coréens, le pays change vite,
très vite.
Un observateur aguerri me confiait
qu'en une dizaine d'années de voyages
il n'en revenait pas de voir l'ampleur
des transformations, accélérées par le
tourisme. Au programme des visites,
on fait même une promenade décon-
tractée - et à pied - dans le centre de
Pyongyang, chose impensable il y a peu.
Et d'autres projets touristiques sont sur
les rails : mise en valeur du patrimoine
maritime, développement des circuits de
randonnée en montagne.
Accompagnant ce mouvement d'ouver-
ture au tourisme, de plus en plus de Tour
opérateurs, d'Asie, des États-Unis, d'Aus-
tralie et d'Europe, dont Salaün Holidays,
proposent des circuits pour découvrir la
Corée du Nord. Le jour de mon départ, au
petit-déjeuner à l'hôtel Yanggakdo, une
touriste néerlandaise entamait un périple
en solo de quatorze jours à travers le pays,
organisé par un voyagiste des Pays-bas.
«Je connais très bien l'Asie, explique-t-elle,
mais j'avais envie de découvrir la Corée,
en commençant par le nord et voir le pays
par moi-même. On entend tellement de
choses et on en sait si peu que j'ai fini par
succomber à la curiosité et l'envie de voir
le pays de mes propres yeux ».
Retrouvez nos circuits Chine/Corée
du Nord dans notre catalogue 2014 et
sur le site
A Kaesong,
joueuse de
Gayageum,
l'instrument
emblématique
coréen, qui
remonte au
royaume de Gaya
entre l'an 42 et 562.
« On revient a Un temps où les champs
étaient noirs de monde, où l'on se
déplaçait à pied, où les femmes se
mariaient en costume traditionnel»
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