Salaün Magazine N°6 - page 82

«
Les rencontres, avant tout »
répond sans hésiter Michel
Redondo lorsqu'on lui
demande ce qui l'a marqué le plus
au cours de son périple de deux
ans, de l'Argentine aux Etats-Unis.
Des rencontres qui se comptent
par dizaines, dont la toute pre-
mière, avec les marins suédois et
philippins qui accueillent chaleu-
reusement Michel et son épouse
Claudia, ainsi que leur véhicule
aux couleurs de Salaün Holidays,
à bord du cargo qui appareille
pour l'Argentine le 2 janvier 2012.
Ou encore avec une équipe de TV
Globo, la chaîne brésilienne qui les
filme à Florianópolis, au Brésil. «
Vus à la télé », les deux époux en seront quitte pour être salués, inter-
pellés, klaxonnés tout au long de leur parcours brésilien. Des curieux,
ils en croiseront, tout au long du parcours. Notamment ces touristes
bretons, clients habitués de Salaün Holidays qui découvrent le Volkswagen
portant le nom de leur voyagiste, campé sur une plage du Costa Rica, à
deux pas de leur hôtel... Inoubliables également, ces rendez-vous avec
les participants aux clubs et safaris Volkswagen, populaires sur tout le
continent sud-américain, Le T5, inconnu dans ces pays, faisant figure
d'Ovni européen au milieu des vieilles coccinelles et fourgons retapés.
C'est à bord de ce rutilant VW California aménagé, lointain descendant
des mythiques combi que les époux voyageurs ont traversé une vingtaine
de pays. A de rares haltes en hôtel près, leur véhicule leur permet de
camper dans la nature, sur les plages, dans les champs mais aussi
chez l'habitant. Le rythme est aléatoire, selon les rencontres, le climat,
l'humeur du jour. « Pour Claudia, il a fallu un temps d'adaptation, trois
mois environ, explique Michel Redondo. Elle cherchait un peu le sens
d'un tel voyage, de ces départs et arrivées permanents ».
Le voyage dans les veines
Michel, pour sa part, se pose moins la question du sens. L'idée de faire
« un tour pour voir » coule de source, irrigue ses veines de voyageur
accompli. Logisticien dans le domaine de l'humanitaire, il a participé
à de nombreuses missions pour des ONG comme Médecins du Monde
ou Action contre la faim. C'est au début des années 1990, pendant la
guerre de Bosnie, dans la région de Zenica, qu'il fait ses premières
armes dans l'aide d'urgence. Un premier engagement qui le mènera
plus tard en Haïti, au Liberia, en Angola et dans la jungle colombienne,
où il travaille sur l'eau et la santé. C'est aussi en tant que photographe
qu'il intervient, accompagnant les journalistes missionnés par ses ONG.
Il y acquiert une capacité manifeste à s'approcher au plus près de ses
sujets. Une aisance qui transparaît aussi dans sa manière de voyager.
Alors que les pays d'Amérique du Sud, notamment la Colombie, sont
souvent perçus comme des destinations dangereuses, Michel Redondo
assure qu'à aucun moment de ces deux années sur la route, il n'a ressenti
la moindre menace pour sa sécurité, y compris au Venezuela, un pays
qui l'a ébloui, notamment la région de la Gran Sabana, connue pour la
richesse de sa faune.
C'est en 2005, alors qu'il fait découvrir la Colombie à son fils, que Michel
rencontre Claudia, une colombienne de Medellin. La jeune femme les
rejoint à la Paz, en Bolivie, pour descendre vers Buenos Aires et Ushuaïa,
dans un vieux combi T2. Lorsqu'ils se marient en 2007, les époux ont
donc déjà plusieurs périples sud-américains à leur actif. De retour en
France, Michel Redondo combine les missions humanitaires avec un
emploi de conducteur de car de grand tourisme chez Salaün Holidays.
S'ennuyant vite en Europe, il rêve d'un tour du monde, dont il parle à
son employeur, Michel Salaün. En passionné d'épopées au long cours, ce
dernier lui propose de mettre à sa disposition un véhicule aux couleurs
du Tour Opérateur, charge aux époux d'alimenter un blog sur leur périple.
Pour financer leur voyage, Michel et Claudia vendent leur appartement
quimpérois et, sur la route, quelques photos et des t-shirts.
Parmi les temps forts de son périple, Michel évoque la découverte du
Pantanal, une région de 230 000 kilomètres carrés, répartis entre le
Brésil, la Bolivie et le Paraguay, qui constitue la zone marécageuse non
côtière la plus vaste au monde. « On y trouve des centaines d'espèces
d'oiseaux, de poissons, jusqu'à 190 variétés de mammifères et 170
reptiles ». Autre coup de cour, les iles San Blas, au large de Panama,
territoire autonome des indiens Kunas, considéré comme un des der-
niers paradis terrestre. « J'ai une préférence pour les pays qui ont des
grandes étendues désertiques, comme l'Argentine, le Pérou, la Bolivie,
qui est un pays très authentique. Nous avons aussi beaucoup aimé la
Basse-Californie, au nord du Mexique, ainsi que le magnifique parc de
Yellowstone dans le Wyoming. »
Difficile d'établir une hiérarchie des plus belles rencontres, des plus
beaux coins entrevus, lorsqu'on a passé deux ans sur la route et couvert
plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. Un des regrets de Michel est
d'avoir été « encore un peu trop vite. ». Quelques zones blanches sur la
carte, quelques mains tendues trop vite délaissées. « J'ai une nouvelle
fois remarqué que ce sont les gens les plus modestes qui t'invitent chez
eux, t'offrent tout ce qu'ils ont » ajoute Michel Redondo.
Un tour pour voir.malheureusement interrompu à New-York, au terme
de la longue série de déboires mécaniques qu'a connu le véhicule au
cours de la traversée du continent. Si compliqués à traiter sur place qu'il
a finalement fallut le rapatrier pour l'expertiser en Europe. Aujourd'hui
en attente d'un nouveau départ, Michel classe ses photos, affine le
reste de l'itinéraire, imagine repartir avec un autre véhicule, troquant
celui que Claudia et lui-même avaient malicieusement surnommé leur
« hôtel California », pour un véhicule plus ancien mais plus grand. De
quoi mettre le cap sur l'Orient, pour voir.
Pour Michel Redondo, voyager semble être une chose aussi simple que respirer, une activité naturelle,
évidente. Ce passionné de photographie, qui a participé à de nombreuses missions de logistique dans
le domaine de l'aide humanitaire, a également été conducteur de car grand tourisme chez Salaün
Holidays. De retour de New-York, il marque une pause dans un tour du monde en camping-car, entamé
avec son épouse, il y a deux ans.
YANN RIVALLAIN
Un tour
pour voir
portfolio
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