Salaün Magazine N°6 - page 92

Salaün
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Vincent Roy, commandant de bord
Gagarine vole avec lui.
Lui, on peut dire qu'il est tombé dedans quand il était petit ! Vincent Roy, le regard bleu qui vous fixe comme
un viseur de sniper, la silhouette. aérienne, le sourire complice, est né à Saint-Pierre des Corps (Indre-et-
Loire) près d'une base aérienne. « Dans ma famille, on prétend que Youri Gagarine m'a soulevé dans ses bras,
au cours d'une fête organisée en son honneur par la commune. »
« Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'ai toujours été fasciné par les avions. Pilote, c'est un rêve de gosse. Et
accomplir son rêve de gosse tous les jours, c'est fantastique. Je ne vais jamais à reculons au boulot.» Même
après 15000 heures de vol. Mais un rêve de gosse, ça se cultive. A l'école, Vincent Roy prépare et fait math
sup. Sur les aérodromes, il suit assidument les cours des écoles de pilotage et passe tous ses brevets. A
22 ans, il entre dans sa première compagnie, Air Anjou, aux commandes d'un bimoteur de 15 places. Puis
c'est la TAT sur Fokker, Air Inter en 1986 et, enfin, Air France où il grimpe les échelons. Pilote instructeur sur
Boeing 747, il décide de passer sur A 380 et de suivre une nouvelle formation. « L'A 380, c'est l'avion le plus
moderne de notre histoire. Il donne une sensation de facilité, au point que l'on pourrait en oublier que c'est
un gros avion avec une masse importante. ».
Mais les sensations et les illusions, ce n'est pas la tasse de thé de Vincent Roy. « Mermoz ne serait pas pilote
à Air-France ! Notre métier, c'est une remise en cause permanente. On est tout le temps sous contrôle. On
ne peut s'installer dans une routine. Il faut toujours savoir écouter les autres - les copilotes quand vous êtes
commandant - et se garder de toute volonté d'auto validation. Le doute profite à la sécurité. Et la sécurité
c'est notre obsession, le cour de notre métier. Les passagers qui montent à bord nous confient leur vie. Nous
devons être à la hauteur de cette confiance. » Sans perdre le plaisir de voler. Dans le cockpit du A 380, il était
palpable, ce plaisir. Et partagé par trois pilotes qui, peut-être, ne voleront plus jamais ensemble.
est, direction
Khabarovsk,
capitale de la
Russie orientale.
«On va faire une
route très nord
pour le retour.
C'est le meil-
leur compromis
temps/consomma
tion », commente
Vincent Roy.
10h (heure de
Paris)
. Au-dessus de la Mer arctique. On
est par 70° nord. Le spectacle est étrange.
On a l'impression de voler entre le jour
et la nuit, à la limite entre l'ombre et
une lumière rougeoyante. Pamela Boyer
et Alain Le Lédan entreprennent de
m'expliquer, avec beaucoup de patience
et de pédagogie, ce spectacle étonnant.
«Nous allons assister à deux couchers et
deux levers de soleil. En fait, c'est simple.
On vole tellement haut en altitude et en
latitude, et tellement vite que l'on rattrape
le soleil.»
Au fur et à mesure que passent les minutes,
le paysage devient de plus en plus fantas-
tique. La mer et la terre, toutes les deux
noyées dans la glace, sont impossibles à
distinguer. De temps à autre, au loin, une
torchère de gaz troue l'obscurité comme
un phare, seul témoin d'une présence
humaine dans cette région qui ne semble
plus appartenir à notre monde.
16h10.
Aéroport de Roissy. Alain, le
Lorientais, a la main sûre. Il pose son
A 380 comme une fleur. Le gigantesque
oiseau, bâti pour les longues migrations,
à la limite de notre troposphère, sait aussi
redescendre sur terre avec une légèreté de
libellule. Perchés tout à l'avant du géant,
les pilotes n'ont jamais la pesante impres-
sion de traîner derrière eux un avion dont
les dimensions laissent pantois et dont on
ne prend d'ailleurs la réelle mesure qu'une
fois débarqué.
Quelques papiers à signer et déjà les
mécaniciens ont pris possession du cockpit.
C'est eux qui feront la transition avec le
prochain équipage.
Quant à Vincent, Alain, Pamela, Gilles,
Karine et les autres, ils vont voler vers
d'autres horizons. Chacun de leurs côtés.
A moins que les hasards du planning Air
France ne les fassent se retrouver dans
un même bus. Et grimper dans un bel
avion pour Santiago du Chili, Shanghaï,
Los Angeles ou Johannesburg. «Mais, tu
sais, on ne fait jamais deux fois le même
vol. » Of course, Captain !
Bons vols à tous.
Remerciements
Michel Salaün, président et Stéphane Le Pennec,
directeur général de Salaün-Holidays, remercient
la direction de Air-France - plus particulièrement
Dominique Gimet, directrice de la communication,
Eric Prévot, de la direction générale des opérations
aériennes et Jean-Marc Ferraud, chef de flotte Airbus
Air France - pour avoir accepté l'idée de ce reportage
et permis sa réalisation.
Jean Lallouët remercie chaleureusement tout l'équi-
page du vol A 380 Paris-Tokyo-Paris pour son accueil
et sa gentillesse. Et plus particulièrement Vincent
Roy, commandant de bord, Pamela Boyer et Alain Le
Lédan, copilotes, pour lui avoir appris qu'il avait volé
plus vite que le soleil.
Merci à tous. Et bons vols !
A gauche, à bord
de l'A 380, que ce
soit en Première, en
Business ou en classe
économique, le service
est assuré par 22
stewards et hôtesses
aux compétences
reconnues et
passionnés par leur
métier et les vols au
long cours. A droite,
l'équipage du vol
Paris-Tokyo.
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