«
A Rome, rien ne change… Si on
revient vingt ans après avoir quitté
la ville, on retrouve les mêmes per-
sonnes, les mêmes commerces, comme si
c’était hier… ». Ainsi témoigne Micheli, un
retraité romain qui aime quitter sa ville
le plus souvent possible, pour mieux la
retrouver. A le croire, elle serait un peu
à l’image de ses habitants : nonchalante,
fière de garder un rythme et un art de vivre
qu’on chercherait en vain dans d’autres
capitales européennes. Rome laisserait-elle
à Milan et à d’autres métropoles euro-
péennes — Londres, Lisbonne, Barcelone
ou Berlin — la course à la modernité, le
tumulte ou le buzz architectural…? Il est
vrai qu’avec ses habits de pierre, dont les
plus anciens ont près de vingt-cinq siècles,
Rome nous convie à un voyage patrimo-
nial et architectural d’une telle richesse
qu’il faudait beaucoup plus que quelques
tours de verre pour contraindre
les habitants de la capi-
tale italienne à
relever leurs
paupières
alourdies par la chaleur. Pas fous ces
Romains…
Cet héritage ne fait cependant pas de
Rome une simple ville musée, loin de là…
Centres d’art contemporain, auditorium,
quartiers alternatifs : Rome est bien de son
temps même si elle le fait moins savoir
que d’autres. Chaque génération appose
sur une toile déjà largement accomplie sa
touche de culture et d’architecture, sans
revendications bruyantes et sans boule-
verser l’existant. La Ville éternelle, son
cœur antique et ses places Renaissance
promettent à qui la découvre un émer-
veillement qui ne se tarira pas au fil des
visites. Ceux qui ont déjà souvent arpenté
les ruelles de Rome savent qu’on ne se lasse
jamais d’une promenade du Colisée à la
Piazza del Popolo. Ils savent aussi qu’on
peut renouveler facilement son expérience
romaine en allongeant le pas vers des
quartiers insolites comme le turbulent
Testaccio, au pied de la huitième colline
de la cité. Les plus autonomes pourront
même prolonger leur expérience romaine
par une visite des Castelli Romani, les
châteaux construits sur les volcans éteints
du Lazio, à une vingtaine de kilomètres
au sud-est de Rome.
Roma en vespa
Nonchalant lui aussi, ce loueur de Vespa,
à deux pas de la Piazza di Reppublica,
qui m’a assuré que Rome n’avait pas été
construite pour les voitures mais les chars
à deux roues, les carrosses et… les vespas.
A peine le temps de me montrer comment
démarrer le magnifique spécimen que
j’avais timidement montré du doigt, qu’il
disparaissait au coin de la rue - pause café
oblige - m’abandonnant avec un trousseau
de clés et une carte pour parcourir Rome
en deux roues.
« Il n’y a qu’à Rome que l’on peut com-
prendre Rome », ces mots de Goethe
m’était venus à l’esprit quelques
jours plus tôt, lorsqu’on
m’avait
demandé
d’écrire un article
sur la capitale
italienne,
R OM E
et la dolce crisa
« Veuve d’un peuple-roi, mais reine encore du monde. » Rome a pendant des siècles été la ville la plus
peuplée au monde et par son architecture, la plus fascinante pour l’humanité. Les Romains défendent
jalousement ce statut, mais a ussi un rythme de vie, une décontraction et un art du quotidien qui
contraste avec bien des capitales européennes. Découvrir la Ville éternelle reste une expérience de
voyage unique. Y revenir promet aussi de belles surprises.
YANN RIVALLAIN
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