Salaün
Magazine
| 
Page 62
Che Guevarra
«Hasta la victoria siempre »
Qui ne connaît pas cette image? Elle fut certainement la photo la plus tirée au monde,
et déclinée sur un nombre considérable de supports, des mugs aux casquettes, des
t-shirts aux posters. Elle s’est transformée en symbole international de la lutte, de
la résistance, surfant à travers les époques et devenant un objet d’identification
révolutionnaire pour des milliers de gens. Une identification souvent aveugle, qui a
soigneusement évité de se pencher sur certains détails sombres de la vie d’Ernesto
Guevara, particulièrement dans la période qui suivit la révolution, et donc sans
risque d’en égratigner le mythe. Jusqu’à 1959, Alberto Korda, l’auteur de ce cliché,
de son vrai nom Alberto Díaz Gutiérrez, travail-
lait comme photographe publicitaire à
la Havane. Au fil des ans, il épousa la
cause de Fidel Castro et en devint le
photographe personnel. C’est à l’oc-
casion des funérailles des victimes
du sabotage du bateau La Coubre, le
5 mars 1960, qu’il prit le célèbre
cliché du Che. Malgré l’exploi-
tation mondiale de cette image,
Korda n’en retira pas un centime
de droits d’auteur. Il ne s’en est
jamais vraiment plaint, sauf quand
une marque de vodka décida de
l’utiliser pour une de ses publicités.
Il fit alors un procès qu’il gagna, esti-
mant que la cause de cette photo
était dévoyée, et reversa les
sommes gagnées au sys-
tème médical cubain.
mité avec le dictateur Battista. Mais
au fil des années, des considérations
philosophiques parfois, économiques,
surtout, ont fait grossir la diaspora
cubaine. Elle compte aujourd’hui près
de deux millions d’individus. La plus
grande part se trouve à Miami, qui est
aujourd’hui la seconde ville cubaine au
monde après La Havane.
Une virée cubaine se termine souvent
sur l’immense plage de sable de Vara-
dero, devant le bleu profond de la mer
des Caraïbes. Cette longue presqu’île
située a une centaine de kilomètres à
l’est de la Havane a connu un afflux de
population, surtout étrangère, dans les
années 90, pendant le periodo especial,
cette décennie qui a suivi la chute de
l’empire soviétique et plongé Cuba dans
des difficulté économiques terribles. Le
tourisme balnéaire s’est alors avéré le
moyen idéal pour faire entrer un peu de
devises étrangères. Varadero possède son
propre aéroport international, le second
du pays et les hôtels couvrent aujourd’hui
l’intégralité des 20 km de plage. Les pieds
en éventail sur le sable, je me repasse le
film de ce voyage trop court. Je réalise
que pendant ces deux semaines, je n’ai
pas rencontré une seule personne qui
soit d’humeur maussade ni se plaigne.
Chaque Cubain rencontré s’est montré
souriant, affable, communicatif. Alors
comment font-ils ? Ces gens qui doivent
se battre quotidiennement pour avoir
1...,52,53,54,55,56,57,58,59,60,61 63,64,65,66,67,68,69,70,71,72,...100