Salaün
Magazine
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n quechua, la langue majori-
taire des Indiens des Andes, on
l'appelle El qosco, le nombril,
le centre, ou encore le point
de rencontre. C'est ici, au
sud-est du Pérou, à trois mille quatre
cent mètres d'altitude, dans la vallée de
la rivière Huatanay que Manco Capac,
venu de la région du lac Titicaca, aurait
fondé Cusco, la ville qui allait devenir le
centre du Tahuantinsuyo, l'empire inca.
Légende ou réalité, les historiens n'ont
jamais pu se mettre d'accord, ni sur
l'existence réelle de ce supposé premier
empereur, ni sur la période de son règne.
Ce que l'on sait en revanche, c'est qu'il
fallut attendre l'arrivée du neuvième
empereur, Pachacutec, vers 1440, pour
que Cusco se transforme en cette ville
splendide, aux palais somptueux, admirée
de tous. Comment les Incas parvinrent à
construire, en un peu moins d'un siècle,
cette cité colossale en forme de puma et
à étendre leur empire dans tout l'ouest de
l'Amérique latine ? C'est la question que
se posa le conquistador et chroniqueur
Cieza de Leon, quand il arriva à Cusco
vers 1533, et qui reste sans réponse.
Une ville d'or et de lumière
Il suffit de grimper sur les hauteurs de la
ville et d'atteindre le parvis de la petite
église de San Cristobal, pour en admirer
toute sa beauté. Le regard plonge au cour
d'un lac de tuiles ocre d'où émerge la
tache verte de la place centrale, dominée
par la Compania, l'église de la compagnie
de Jésus. A l'horizon s'élève la masse
protectrice et majestueuse de l'Ausan-
gate, le point culminant de la cordillère
de Vilcanota.
Cusco se mérite. Si gravir ses ruelles
abruptes est un supplice pour les pou-
mons, les descendre nécessite calme et
concentration afin de ne pas trébucher sur
les pavés saillants, polis par les ans. Elles
mènent toutes vers la plaza de Armas, le
nombril du nombril, aujourd'hui entourée
d'arcades coloniales et de balcons de bois
finement ornementés. Cette place était le
confluent d'où partaient les chemins dans
les quatre directions de l'empire Inca. En
quechua, elle porte le nom de Huacaypata,
le lieu des larmes, en mémoire du martyr
de Tupac Amaru, le dernier Inca à s'être
rebellé contre le pouvoir espagnol.
« Une ville d'or et de lumière », c'est
l'impression que donna Cusco à Pizarro
quand il la découvrit en 1533. Ici, les
conquistadores détruisirent beaucoup
et construisirent autant. Mais avec une
particularité. Tous les bâtiments qu'ils
élevèrent le furent sur les anciens murs
incas. L'un des plus beaux exemples est
certainement le couvent Santo Domingo,
dressé sur les soubassements du temple de
Coricancha, dédié au soleil et à la lune.
Trésor de la culture inca, ce temple était
le plus grand, le plus richement orné de
la ville. Ses murs étaient recouverts de
sept cents feuilles d'or, pesant chacune
près de deux kilos. Les conquistadors le
rasèrent et le pillèrent pour construire un
couvent qui ne résista pas aux séismes
de 1650 et de 1950, contrairement au
mur courbe d'origine qui témoigne de
l'extraordinaire perfection de l'architecture
et du travail de la pierre chez les Incas.
Des pierres aux angles parfois invisibles,
parfaitement ajustées, imbriquées, comme
dans un puzzle en trois dimensions, sans
le moindre interstice. La plus célèbre se
trouve dans la calle del Triumfo. Elle
ne compte pas moins de douze angles.
Impossible de la manquer, il y a tou-
jours quelques gamins qui traînent dans
les ruelles alentours et qui se feront un
plaisir de vous la montrer en échange
d'une petite pièce.
Une perfection qui s'admire également
dans la forteresse de Sacsayhuaman,
sur les hauteurs de la ville. Partielle-
ment détruite par les Espagnols pour
la construction de leurs édifices, les
nombreux murs encore debout révèlent
des assemblages tout aussi sophistiqués,
faits de blocs à la taille colossale, certains
mesurant quatre mètres de haut et pesant
plus de cinquante tonnes.
C'est ce mélange de civilisations qui donne
un remarQuaBle
mÉlange
d'arcHitecture
inca et coloniale.
Lima
La Paz
PEROU
BOLIVIE
Cusco
Machu Pichu
Vallée sacrée des Incas
Puno
Océan Pacifique
200 km
AMÉRIQUE DU SUD
Potosi
CHILI
BRESIL
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Paracas
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