Salaün
Magazine
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conquérants, qui auraient moins cherché
à réprimer l’identité nationale croate que
d’autres envahisseurs. Les Français ont en
revanche apporté des infrastructures, des
nouvelles routes, bâti des quartiers mais
aussi un système postal dont il reste un
charmant vestige près de l’ancienne mai-
rie, sous la forme d’une boîte aux lettres
en pierre, désignée en français. Split fut
ensuite un port important pour la flotte
austro-hongroise, qui gouverna la Dal-
matie de 1815 à 1919. C’est par ces mul-
tiples substrats humains qui remontent à
l’Antiquité que les Splitois expliquent ce
qui fait la réputation de la ville dans tous
les Balkans : la beauté des Splitoises. Une
réalité difficile à contester aujourd’hui
encore, même si elle dépasse probable-
ment l’enceinte du palais pour s’étendre
à tout le littoral adriatique.
Quiconque aime le littoral aime les îles,
ces terres en pointillés où rien n’est tout
à fait semblable au continent, ni les
hommes, ni la nature, ni le temps. La
Croatie est un pays d’îles, plus d’un mil-
lier, qui constituent le second archipel
de Méditerranée après la Grèce. Une cin-
quantaine d’entre elles sont habitées à
l’année.
L’archipel croate
Elles jouissent d’un climat d’une dou-
ceur exceptionnelle et sont
pour l’instant largement
épargnées par le tourisme
de masse. En été, la tem-
pérature moyenne de l’eau
y est de 25°C. Proches du
littoral pour la plupart, les
îles croates semblent hési-
ter à s’en dissocier tout à
fait. À tel point qu’on ne
sait parfois plus qui de l’île, de l’isthme
ou de la presqu’île nous accueille au
soleil couchant.
Les îles ont largement contribué à la
culture maritime des Croates, en par-
ticulier la pêche. L’impressionnante
infrastructure qui relie les îles les unes
aux autres et au continent en dit long
sur l’importance que le pays accorde
à ses îles. À toute heure du jour, tôt et
tard dans la nuit, une ronde de bacs et
de ferries maintient le lien entre les îles
et la terre ferme. En été, on peut jouer
à saute-mouton d’une île à l’autre ou
au continent avec une grande facilité
et à moindre coût, car les passages sont
très subventionnés par le gouvernement
croate. On y trouve des îles animées
comme Brac ou Hvar, le « Saint-Trop
croate », des paradis naturels comme les
Kornati, des destinations plus familiales
comme Pag ou Rab. À chacun son île,
avec à chaque fois la garantie d’y trouver
une nature superbe, des activités agri-
coles ancestrales, comme celle de l’olive
ou du vin, des criques isolées, des petits
ports adorables et des villages qui nous
ramènent au temps de Venise. Seul le
sable est absent d’un décor par ailleurs
paradisiaque. C’est pour notre part vers la
grande île de Korcula, une des plus peu-
plées du pays, que nous avons mis le cap.
La légende veut que Marco Polo, le Véni-
tien, y soit né. L’architecture renaissance
vénitienne imprègne d’ailleurs toute cette
LES ÎLES CROATES JOUISSENT
D’UN CLIMAT D’UNE DOUCEUR
EXCEPTIONNELLE
ET SONT POUR
L’INSTANT LARGEMENT ÉPARGNÉES
PAR LE TOURISME DE MASSE.
Page de gauche : la petite ville de Losinj. Page de droite : la vieille ville de Dubrovnik.