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Salaün

Magazine

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REPORTAGE |

La Croatie

pierre du grand livre du Moyen Âge cha-

pitre par chapitre. Art roman, gothique,

baroque, renaissance…les bâtisseurs, par-

mi les plus prestigieux de leur temps, se

sont succédé à Trogir sans jamais renier

totalement les œuvres du passé. Pour

s’en convaincre, il suffit de se hisser au

sommet du campanile de la magnifique

cathédrale Saint-Laurent, bâtie du

xii

e

au

xiv

e

siècles. De là, on aperçoit les portes

monumentales de la ville fortifiée et d’in-

nombrables demeures et palais élégants.

De là-haut, on entend aussi monter d’in-

trigantes polyphonies qui s’échappent

des arcades jouxtant la tour de l’hor-

loge. Elles naissent des cordes vocales des

chanteurs de clapa, une tradition vocale

présente dans tout le sud de la Croatie.

Célébrant le pays, l’amour, le vin ou la

mer, ces chansons expriment le carac-

tère profondément rural et maritime de la

Croatie. De Zadar à Dubrovnik, les chan-

teurs de clapa, dont l’art vocal est pour

sa part inscrit au patrimoine immatériel

de l’humanité, ajoutent une bonne dose

de lyrisme à la visite des cités littorales.

Malgré l’affluence touristique, Trogir est

à la fois une cité vivante, commerçante

et une halte idéale pour se restaurer et

déguster les produits de la pêche lo-

cale. C’est aussi un havre de choix pour

les plaisanciers, qui y trouvent aussi un

important marché. Le tourisme n’est d’ail-

leurs pas la seule activité de Trogir : outre

la pêche, la ville tire un revenu important

de la construction navale. L’avenir dira si

la privatisation récente du chantier local,

qui emploie près de 1000 personnes, ga-

rantira l’avenir de ce secteur hautement

concurrentiel.

Split, la ville palais

À un jet de pierre au sud de Trogir, Split,

la deuxième ville du pays, qui compte

500000 habitants, est peut-être la plus

fascinante des villes croates, car son

centre est situé au cœur d’un immense

palais romain, celui de l’empereur Dio-

clétien. Rivale de Zagreb, fièrement mé-

diterranéenne, Split est aussi une ville

étudiante qui ne dépend pas que du tou-

risme. Si l’on connaît le nom de son cé-

lèbre club de football, le Dynamo de

Split, grand rival de Zagreb ou de Bel-

grade, on ne sait pas toujours en re-

vanche que la ville de Split est en réalité

nichée au cœur d’un vaste palais ro-

main. L’empereur Dioclétien y fit en ef-

fet construire un palais pour sa retraite,

à la fin du

iii

e

siècle. Après la conversion

de l’empire au christianisme, son ancien

mausolée fut transformé en magnifique

cathédrale, dédiée à Saint-Domnius. Du

sommet, on obtient une vue époustou-

flante sur le palais de Dioclétien et le

grand port de Split. Le front de mer, où

s’alignent restaurants et terrasses, est par-

ticulièrement impressionnant car adossé

à l’enceinte du palais. Ses murs renfer-

ment des ruelles et places élégantes, en-

tourées de nombreuses bâtisses colorées,

construites à l’époque vénitienne. Comme

les régions voisines, Split a aussi fait

partie des provinces illyriennes briève-

ment administrées par Napoléon de 1805

à 1813, comme en atteste une rue qui

porte le nom du général Marmont. On

continue ici à honorer la mémoire de ces

Vue sur la ville de Split et le palais Dioclétien