Salaün
Magazine
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incendies, les murs de chêne furent peu
à peu remplacés par des fortifications en
pierres de taille blanches. Les kremlins
devinrent le lieu principal de la résidence
des grands princes et des métropolites.
On leur ajouta de nouvelles construc-
tions, essentiellement des cathédrales et
des clochers. Au
xv
e
siècle, les hordes de
Tatars réussirent cependant, grâce à des
stratagèmes perfides, à faire
irruption dans les kremlins.
Ils détruisaient, pillaient et
exterminaient les popula-
tions. Ainsi, les murailles,
qui, pendant plus de 100 ans
avaient résisté aux sièges,
furent remplacées par de nouveaux rem-
parts de brique, ceux que nous voyons
aujourd’hui. Le kremlin de Moscou, conçu
par les plus grands maîtres russes et ita-
liens, est devenu le symbole du triomphe
de la politique de l’État russe unifié et
centralisé qui s’était délivré du joug tatar.
Ailleurs, dans le pays, chaque kremlin
centralisait le pouvoir séculier de l’Église
de sa région. Il gardait les reliques natio-
nales et était perçu comme l’endroit le
plus sacré et le plus vénéré par les ortho-
doxes. Le
xvii
e
siècle marqua une nouvelle
page dans l’histoire des kremlins, grâce à
la consolidation de l‘État russe et à l’épa-
nouissement des arts et de l’architecture ;
ils perdirent peu à peu leur rôle défensif
et furent investis par des casernes, des
études de notaires, des banques, et leurs
palais devinrent le lieu de résidence des
gouverneurs.
En 1918, Lénine signa le décret sur
la protection des monuments d’art et
d’histoire. « Il faut conserver tout ce qui
est beau, le prendre en exemple, s’en
inspirer, même si ce beau est ancien »,
écrivait le chef du gouvernement sovié-
tique. Plusieurs kremlins furent déclarés
monuments protégés. Des travaux de
restauration commencèrent. Interrompus
par la guerre, ils reprirent en 1945. De
nos jours, l’accès à tous les kremlins est
libre, souvent payant, et des milliers de
touristes peuvent admirer ces magni-
fiques monuments, gardiens des mystères
de l’histoire, qui parsèment la terre russe.
Le célèbre poète belge Émile
Verhaeren disait, après son
voyage à Moscou en 1913,
que cette ville lui avait sem-
blé un immense musée en
plein air, dont la pièce la
plus parfaite, la plus ori-
ginale, la plus attrayante en était le
Kremlin, avec ses immenses murs crê-
nelés d’où émergeaient des dizaines de
coupoles.
Initié au
xi
e
siècle, plusieurs fois détruit
par les attaques et les incendies, c’est vers
la fin du
xv
e
siècle qu’il prit la forme que
nous lui connaissons aujourd’hui, avec
ses remparts de briques. L’achèvement
REPORTAGE |
Kremlins
AU FIL DES SIÈCLES, CHAQUE
ÉPOQUE A LAISSÉ SA TRACE
DANS
LA RECONSTRUCTION DES KREMLINS.
En haut : le palais du Patriarche
au milieu du
xvii
e
siècle.
Ci-contre : kremlin de Moscou,
vue aérienne de l’église
des Douze Apôtres.
À droite : dans le jardin Alexandre
du kremlin de Moscou, la
statue du patriarche Hermogène,
premier patriarche de toutes les
Russies (1530-1612).