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Salaün

Magazine

| Page 41

incendies, les murs de chêne furent peu

à peu remplacés par des fortifications en

pierres de taille blanches. Les kremlins

devinrent le lieu principal de la résidence

des grands princes et des métropolites.

On leur ajouta de nouvelles construc-

tions, essentiellement des cathédrales et

des clochers. Au

xv

e

siècle, les hordes de

Tatars réussirent cependant, grâce à des

stratagèmes perfides, à faire

irruption dans les kremlins.

Ils détruisaient, pillaient et

exterminaient les popula-

tions. Ainsi, les murailles,

qui, pendant plus de 100 ans

avaient résisté aux sièges,

furent remplacées par de nouveaux rem-

parts de brique, ceux que nous voyons

aujourd’hui. Le kremlin de Moscou, conçu

par les plus grands maîtres russes et ita-

liens, est devenu le symbole du triomphe

de la politique de l’État russe unifié et

centralisé qui s’était délivré du joug tatar.

Ailleurs, dans le pays, chaque kremlin

centralisait le pouvoir séculier de l’Église

de sa région. Il gardait les reliques natio-

nales et était perçu comme l’endroit le

plus sacré et le plus vénéré par les ortho-

doxes. Le

xvii

e

siècle marqua une nouvelle

page dans l’histoire des kremlins, grâce à

la consolidation de l‘État russe et à l’épa-

nouissement des arts et de l’architecture ;

ils perdirent peu à peu leur rôle défensif

et furent investis par des casernes, des

études de notaires, des banques, et leurs

palais devinrent le lieu de résidence des

gouverneurs.

En 1918, Lénine signa le décret sur

la protection des monuments d’art et

d’histoire. « Il faut conserver tout ce qui

est beau, le prendre en exemple, s’en

inspirer, même si ce beau est ancien »,

écrivait le chef du gouvernement sovié-

tique. Plusieurs kremlins furent déclarés

monuments protégés. Des travaux de

restauration commencèrent. Interrompus

par la guerre, ils reprirent en 1945. De

nos jours, l’accès à tous les kremlins est

libre, souvent payant, et des milliers de

touristes peuvent admirer ces magni-

fiques monuments, gardiens des mystères

de l’histoire, qui parsèment la terre russe.

Le célèbre poète belge Émile

Verhaeren disait, après son

voyage à Moscou en 1913,

que cette ville lui avait sem-

blé un immense musée en

plein air, dont la pièce la

plus parfaite, la plus ori-

ginale, la plus attrayante en était le

Kremlin, avec ses immenses murs crê-

nelés d’où émergeaient des dizaines de

coupoles.

Initié au

xi

e

siècle, plusieurs fois détruit

par les attaques et les incendies, c’est vers

la fin du

xv

e

siècle qu’il prit la forme que

nous lui connaissons aujourd’hui, avec

ses remparts de briques. L’achèvement

REPORTAGE |

Kremlins

AU FIL DES SIÈCLES, CHAQUE

ÉPOQUE A LAISSÉ SA TRACE

DANS

LA RECONSTRUCTION DES KREMLINS.

En haut : le palais du Patriarche

au milieu du

xvii

e

siècle.

Ci-contre : kremlin de Moscou,

vue aérienne de l’église

des Douze Apôtres.

À droite : dans le jardin Alexandre

du kremlin de Moscou, la

statue du patriarche Hermogène,

premier patriarche de toutes les

Russies (1530-1612).