Salaün
Magazine
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plus majestueux du pays. Après le ver-
tige des âges éprouvé à Mycènes, nous
retrouvons ici l’Antiquité classique à
travers un sanctuaire comparable à celui
d’Olympie. Ici, ce n’est pas Zeus mais
Asclépios, le dieu guérisseur, qui était
célébré. Épidaure fonctionnait comme
un lieu de pèlerinage où les Grecs ve-
naient se faire soigner, notamment par
l’incubation. Après avoir attendu leur
tour des jours durant, les malades étaient
admis dans un édifice dédié, l’abaton,
où ils dormaient sur des peaux de ser-
pents, l’animal personnifiant Asclépios.
Dans la nuit, en songe, ils rencontraient
le dieu, qui pouvait les guérir ou leur
donner un remède. Des représentations
de guérison spectaculaire sont d’ailleurs
encore visibles sur des fragments de
stèles. Le temple circulaire situé à proxi-
mité abritait peut-être les serpents dont
on utilisait le venin.
Parmi les remèdes prônés par les Grecs
pour guérir, il y avait aussi la détente
et le plaisir de l’esprit. C’est notamment
pour cette raison que les jeux d’Asclépios
comptaient des épreuves de musique et
de poésie. Les patients qui attendaient
l’incubation pouvaient par exemple
assister à des représentations théâtrales.
Car le clou de la visite à Épidaure est son
magnifique théâtre antique, qui a servi
de modèle durant toute l’Antiquité. Ses
gigantesques gradins pouvaient accueil-
lir jusqu’à 12000 personnes. Outre ses
proportions à couper le souffle, Épidaure
possède une acoustique exceptionnelle.
Tout bruit, même le plus diffus, émis
au centre de l’orchestre est entendu par
l’ensemble des spectateurs.
L’empreinte du temps sur les vestiges,
la verdure environnante et les grands
arbres qui veillent sur les secrets d’Épi-
daure donnent au site un caractère
réellement apaisant. On rêverait d’y
passer plus que quelques heures et de
se laisser aussi gagner par les songes
réparateurs qui flottent encore dans les
ruines d’Épidaure.
Delphes, nombril du monde
Construit sur les pentes du célèbre mont
Parnasse, Delphes est le deuxième site
le plus visité après l’Acropole, et le plus
beau du point de vue de son environ-
nement. Le site est si majestueux qu’on
le surnomme le nombril du monde.
Zeus aurait envoyé deux aigles autour
de la Terre qui se seraient retrouvés
en ce point précis. Il est donc logique-
ment devenu l’un des sanctuaires les
plus importants de la Grèce antique,
consacré qui plus est, à Apollon, fils
de Zeus. C’est ici qu’Apollon prédisait
l’avenir, conseillait les politiques sur
l’opportunité de telle ou telle guerre ou
L
’
ANTIQUITÉ
À GRANDS TRAITS
Appréhender l’Antiquité peut s’avérer intimidant pour
le voyageur qui découvre la Grèce. Pour se repérer,
quelques grandes lignes peuvent s’avérer utiles. On
peut ainsi schématiser l’Antiquité grecque en quatre
grandes périodes. Celle des civilisation minoenne et mycénienne va de
-2700 à -1200 av.J.-C. Organisée autour de rois féodaux, elle va s’épanouir
en Crète, dans les Cyclades, puis dans le Péloponnèse et jeter les bases de
la religion mais aussi de la langue grecque. Cette civilisation sera détruite
par les Doriens, venus du Nord, pendant une longue période de chaos, un
âge sombre dont la Grèce n’émerge que pendant la période dite archaïque
de -800 à -500. C’est à cette époque que remontent l’
Iliade
et l’
Odyssée
d’Homère et les poèmes d’Hésiode, des récits fondateurs qui puisent dans
une tradition orale ancienne pour guider les Grecs dans leurs actions et leurs
relations avec les dieux. La période archaïque est aussi celle de l’expansion
des cités États et du monde grec, vers la Sicile, et l’établissement de
colonies comme celle de Marseille et jusqu’au Bosphore. La troisième
grande période est celle de la Grèce classique, celle des grands sites comme
Olympie, Delphes et l’Acropole d’Athènes. Elle commence à la fin du
vi
e
avant notre ère. Elle est marquée par la suprématie de la cité d’Athènes qui
affirme alors son modèle politique, dit démocratique au
v
e
siècle avant notre
ère. Cette ère est aussi celle de Socrate, Platon et Aristote. Elle s’achève
dans la division des grandes cités-États rivales, Athènes, Sparte et Thèbes et
surtout par la soumission au royaume de Macédoine au milieu du
iv
e
. Avec lui
commence la dernière grande période de l’Antiquité grecque marquée par la
figure d’Alexandre Le Grand et l’extension du monde à l’Asie Mineure avant
de passer progressivement sous domination romaine à partir du
ii
e
siècle.
REPORTAGE |
La Grèce continentale
En haut : la porte des Lionnes qui donne accès à l’ancienne cité de
Mycènes.
En bas : les célèbres caryatides, ces colonnes qui soutiennent le temple
de l’Érecthéion, sur la colline de l’Acropole d’Athènes.