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Salaün

Magazine

| Page 29

mystérieux, le mont Athos porte en lui

une part de l’âme grecque.

Rien que pour vos yeux

« Suspendus entre terre et ciel », c’est la

signification du terme météores et c’est

aussi le sentiment qu’avaient les pre-

miers ermites qui ont découvert le site

durant le haut Moyen Âge. Rares sont

les endroits où les merveilles façonnées

par la nature et celles nées de la main

de l’homme se conjuguent avec tant de

magnificence. Bien avant de découvrir

les premiers monastères qui coiffent le

haut des pitons rocheux, lorsqu’on s’en

approche depuis la plaine de Thessalie,

le massif des Météores fascine le regard.

Le retrait de la mer de Thessalie, lais-

sant derrière elle une des plaines les plus

fertiles du pays, a provoqué l’érosion

du massif du Pinde et la formation de

ces pics vertigineux, criblés de cavités

rocheuses encore visibles. C’est là que

se sont installés les premiers ermites,

au

xi

e

siècle. Plus tard, pour se protéger

des invasions et sûrement se rapprocher

du ciel, ils y ont construit pas moins de

24 monastères, dont le Grand Météore,

le plus riche intérieurement. Certains

« petits » monastères, comme celui de

Roussanou, devenu couvent au

xv

e

,font

réellement corps avec le rocher et

émeuvent par leur construction humble

et pittoresque à la fois. Difficile de résis-

ter au charme des petits jardins fleuris

entretenus par les nonnes, des églises et

chapelles aux murs couverts de fresques

ou de l’appel à la prière à l’aide de la

simandre, ce marteau et de la planche

de bois, ancêtre des cloches chrétiennes.

Et s’il en reste quelques-uns à résister

à l’appel de la nature, voire du ciel, ils

peuvent s’y essayer à l’escalade, non

sans souvenir que James Bond lui-même

y a eu quelques sueurs froides dans une

séquence du célèbre film

Rien que pour

vos yeux

, tournée dans les Météores.

Les jeux d’Olympie

En franchissant l’immense pont de Pa-

tras, qui domine le golfe de Corinthe,

nous avons quitté la Thessalie pour

entrer dans la région la plus vaste et la

plus spectaculaire de la Grèce continen-

tale, le Péloponnèse. Considérée comme

la plus belle du pays, elle offre au regard

des paysages époustouflants, notam-

ment dans la région du Magne, ainsi que

de nombreux sites antiques, dont celui

d’Olympia. Les jeux Olympiques sont

certainement un des liens les plus étroits

entre la Grèce ancienne et le monde

d’aujourd’hui. Ils font partie, comme la

démocratie, l’art ou l’architecture, des

symboles de l’Antiquité dans lesquels

l’Europe a puisé au gré de ses renais-

sances, comme celle des J O, en 1894. À

l’instar des autres sanctuaires dits « pan-

hélléniques », de Delphes, Épidaure et

Athènes, Olympie était un site religieux

destiné à la vénération d’un ou plusieurs

Dieux, en l’occurrence Zeus et Héra, sa

sœur mais néanmoins épouse. L’élément

central du site est d’ailleurs le temple

qui abritait à l’origine une gigantesque

statue de Zeus chryséléphantine, c’est-

à-dire en or et ivoire. En parcourant les

ruines du temple, en partie détruit au

moment de la christianisation puis par

des tremblements de terre, il faut s’ima-

giner que le temple à colonnes abritait

une statue de Zeus de près de 12 m de

haut, entièrement polychrome, destinée

à impressionner le regard. Elle était la

troisième des sept merveilles du monde

antique, réalisée, comme celle d’Athéna

au Parthénon, par le célèbre sculpteur

Phidias, dont les ateliers font partie

des vestiges d’Olympie. C’est devant le

temple de Zeus qu’on ouvrait les jeux

Olympiques par un sacrifice de taureau.

On dit même qu’on écrasait du pied ses

testicules pour indiquer le sort qui serait

réservé aux tricheurs.

Tout autour du temple de Zeus, le site

d’Olympie a conservé les vestiges du

gymnase où les participants s’entraî-

naient et étudiaient également, car la

Grèce antique prônait la recherche de

l’équilibre entre le corps et l’esprit. On y

découvre aussi les ruines du palestre, où

les participants, qui concouraient nus,

s’enduisaient le corps de sable et d’huile

d’olive pour se protéger du soleil.

Mais c’est bien sûr le stade qui cap-

OUZO

ET TSIPOURO

Difficile de finir une journée de labeur ou de tourisme en Grèce sans goûter à l’une

des boissons nationales. La plus connue est évidemment l’ouzo, un alcool neutre

d’origine agricole, épicé par une quinzaine d’aromates, dont l’anis. Malgré les

apparences, c’est une boisson récente apparue à la fin du

xix

e

. On y ajoute notamment

du fenouil, de la cardamome, de la coriandre ou encore de la cannelle. Une fois

cette préparation distillée, on la mélange avec de l’alcool pur avant de diluer le tout.

La plupart des grandes marques ont leur maison mère sur la petite île de Lesbos, à

l’est de la mer Égée, celle-là même qui, fin 2015, a été littéralement prise d’assaut

par les réfugiés en provenance de Syrie. Son degré d’alcool varie entre 40° et 50°.

Moins connu mais d’aussi bonne compagnie que l’ouzo pour finir une journée au

bord la mer Égée, le tsipouro, parfois dénommé raki – notamment en Albanie – est

préparé à base de marc de raisin distillé. Cousin des grappas italiennes, il est produit

depuis le Moyen Âge, par les moines d’abord, puis par les vignerons. C’est dans le

nord du pays, en Thessalie ou en Macédoine, qu’on trouve les meilleurs tsipouro qui

bénéficient, comme l’ouzo d’appellation d’origine contrôlée.

REPORTAGE |

La Grèce continentale