Salaün
Magazine
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mystérieux, le mont Athos porte en lui
une part de l’âme grecque.
Rien que pour vos yeux
« Suspendus entre terre et ciel », c’est la
signification du terme météores et c’est
aussi le sentiment qu’avaient les pre-
miers ermites qui ont découvert le site
durant le haut Moyen Âge. Rares sont
les endroits où les merveilles façonnées
par la nature et celles nées de la main
de l’homme se conjuguent avec tant de
magnificence. Bien avant de découvrir
les premiers monastères qui coiffent le
haut des pitons rocheux, lorsqu’on s’en
approche depuis la plaine de Thessalie,
le massif des Météores fascine le regard.
Le retrait de la mer de Thessalie, lais-
sant derrière elle une des plaines les plus
fertiles du pays, a provoqué l’érosion
du massif du Pinde et la formation de
ces pics vertigineux, criblés de cavités
rocheuses encore visibles. C’est là que
se sont installés les premiers ermites,
au
xi
e
siècle. Plus tard, pour se protéger
des invasions et sûrement se rapprocher
du ciel, ils y ont construit pas moins de
24 monastères, dont le Grand Météore,
le plus riche intérieurement. Certains
« petits » monastères, comme celui de
Roussanou, devenu couvent au
xv
e
,font
réellement corps avec le rocher et
émeuvent par leur construction humble
et pittoresque à la fois. Difficile de résis-
ter au charme des petits jardins fleuris
entretenus par les nonnes, des églises et
chapelles aux murs couverts de fresques
ou de l’appel à la prière à l’aide de la
simandre, ce marteau et de la planche
de bois, ancêtre des cloches chrétiennes.
Et s’il en reste quelques-uns à résister
à l’appel de la nature, voire du ciel, ils
peuvent s’y essayer à l’escalade, non
sans souvenir que James Bond lui-même
y a eu quelques sueurs froides dans une
séquence du célèbre film
Rien que pour
vos yeux
, tournée dans les Météores.
Les jeux d’Olympie
En franchissant l’immense pont de Pa-
tras, qui domine le golfe de Corinthe,
nous avons quitté la Thessalie pour
entrer dans la région la plus vaste et la
plus spectaculaire de la Grèce continen-
tale, le Péloponnèse. Considérée comme
la plus belle du pays, elle offre au regard
des paysages époustouflants, notam-
ment dans la région du Magne, ainsi que
de nombreux sites antiques, dont celui
d’Olympia. Les jeux Olympiques sont
certainement un des liens les plus étroits
entre la Grèce ancienne et le monde
d’aujourd’hui. Ils font partie, comme la
démocratie, l’art ou l’architecture, des
symboles de l’Antiquité dans lesquels
l’Europe a puisé au gré de ses renais-
sances, comme celle des J O, en 1894. À
l’instar des autres sanctuaires dits « pan-
hélléniques », de Delphes, Épidaure et
Athènes, Olympie était un site religieux
destiné à la vénération d’un ou plusieurs
Dieux, en l’occurrence Zeus et Héra, sa
sœur mais néanmoins épouse. L’élément
central du site est d’ailleurs le temple
qui abritait à l’origine une gigantesque
statue de Zeus chryséléphantine, c’est-
à-dire en or et ivoire. En parcourant les
ruines du temple, en partie détruit au
moment de la christianisation puis par
des tremblements de terre, il faut s’ima-
giner que le temple à colonnes abritait
une statue de Zeus de près de 12 m de
haut, entièrement polychrome, destinée
à impressionner le regard. Elle était la
troisième des sept merveilles du monde
antique, réalisée, comme celle d’Athéna
au Parthénon, par le célèbre sculpteur
Phidias, dont les ateliers font partie
des vestiges d’Olympie. C’est devant le
temple de Zeus qu’on ouvrait les jeux
Olympiques par un sacrifice de taureau.
On dit même qu’on écrasait du pied ses
testicules pour indiquer le sort qui serait
réservé aux tricheurs.
Tout autour du temple de Zeus, le site
d’Olympie a conservé les vestiges du
gymnase où les participants s’entraî-
naient et étudiaient également, car la
Grèce antique prônait la recherche de
l’équilibre entre le corps et l’esprit. On y
découvre aussi les ruines du palestre, où
les participants, qui concouraient nus,
s’enduisaient le corps de sable et d’huile
d’olive pour se protéger du soleil.
Mais c’est bien sûr le stade qui cap-
OUZO
ET TSIPOURO
Difficile de finir une journée de labeur ou de tourisme en Grèce sans goûter à l’une
des boissons nationales. La plus connue est évidemment l’ouzo, un alcool neutre
d’origine agricole, épicé par une quinzaine d’aromates, dont l’anis. Malgré les
apparences, c’est une boisson récente apparue à la fin du
xix
e
. On y ajoute notamment
du fenouil, de la cardamome, de la coriandre ou encore de la cannelle. Une fois
cette préparation distillée, on la mélange avec de l’alcool pur avant de diluer le tout.
La plupart des grandes marques ont leur maison mère sur la petite île de Lesbos, à
l’est de la mer Égée, celle-là même qui, fin 2015, a été littéralement prise d’assaut
par les réfugiés en provenance de Syrie. Son degré d’alcool varie entre 40° et 50°.
Moins connu mais d’aussi bonne compagnie que l’ouzo pour finir une journée au
bord la mer Égée, le tsipouro, parfois dénommé raki – notamment en Albanie – est
préparé à base de marc de raisin distillé. Cousin des grappas italiennes, il est produit
depuis le Moyen Âge, par les moines d’abord, puis par les vignerons. C’est dans le
nord du pays, en Thessalie ou en Macédoine, qu’on trouve les meilleurs tsipouro qui
bénéficient, comme l’ouzo d’appellation d’origine contrôlée.
REPORTAGE |
La Grèce continentale