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Salaün

Magazine

| Page 26

S

i la Grèce n’est pas un

pays immense en termes

de superficie, son relief

étire les distances. À la

manière de l’Écosse, ses

côtes s’étiolent en une in-

finité de péninsules dont la

subtile dentelle enchante

le regard mais rend la circulation diffi-

cile. La Grèce du sud plonge ses doigts

de pierre – dans le Péloponnèse, on les

appelle plutôt des « pis » – dans un grand

nombre de mers et de golfes aux noms

mythiques, comme la mer Egée, le golfe

de Corinthe ou la mer Ionienne. Mais

c’est surtout le caractère montagneux

du pays qui augmente les distances et

explique qu’on peine à le saisir en un

seul voyage. C’est pourtant en Grèce

continentale que se trouvent les princi-

paux sites antiques, les hauts lieux de

la religion orthodoxe mais aussi l’âme

paysanne et montagnarde du peuple grec.

Thessalonique, la capitale de la Macé-

doine, est la deuxième ville de Grèce.

Cette métropole d’un million d’habitants,

ravagée par un terrible incendie en 1971,

ne se livre pas au premier regard. Grand

port à la fois industriel et étudiant, la

porte des Balkans est pourtant une étape

incontournable pour comprendre à quel

point le pays a subi, tout au long de son

histoire, des influences militaires, poli-

tiques et culturelles multiples.

Thessalonique,

cœur de la Macédoine

La ville, fondée par Cassandre de Macé-

doine au

iv

e

siècle avant notre ère, fut

d’emblée un point de passage important

sur la route de l’Orient. Les ruines en-

core visibles au cœur de Thessalonique

montrent que la ville était toujours une

place stratégique lorsque la Grèce devint

romaine, avant la conversion des empe-

reurs au christianisme.

Un minaret, encore visible aujourd’hui

indique qu’elle fut par la suite convertie

en mosquée. Mais avant de tomber sous

la férule des Ottomans, Thessalonique

fut aussi un des grands foyers de diffu-

sion du christianisme en Orient.

Thessalonique, comme tout le reste du

pays, a gardé de nombreuses traces des

quatre siècles passés sous le joug otto-

man. Niché derrière les remparts de la

ville, l’ancien quartier turc rappelle

d’ailleurs les hauteurs de Sarajevo.

Les mosquées et autres bains turcs

disséminés dans la vieille ville nous in-

diquent, que jusqu’au

xx

e

, Thessalonique

était même une des villes principales de

l’Empire ottoman. C’est d’ailleurs ici que

les idées nouvelles qui allaient boule-

verser l’Empire ottoman et mener à la

création de la République de Turquie

ont vu le jour. Kemal Atatürk, le père

de la nation turque, était d’ailleurs un

enfant de Thessalonique. On y visite

aujourd’hui encore sa maison, à deux

pas du consulat de Turquie. On l’oublie

parfois, mais ce n’est qu’en 1918 que

la Macédoine rejoignit la Grèce. Dans

les années qui suivirent, les tentatives

d’expansion grecque en Turquie vont

tourner à la débâcle et bouleverser le

visage de la ville et du pays. En 1922,

des centaines de milliers de Turcs sont

expulsés de Grèce, et autant de grecs

installés depuis des siècles en Turquie se

REPORTAGE |

La Grèce continentale