Salaün
Magazine
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À la carte, les voyages de demain
La montée en puissance des voyages individuels sur mesure, des
formules autotours et autres circuits pour petits groupes constitués fait
cependant évoluer le métier de producteur. « C’est dans ce domaine
qu’un spécialiste révèle pleinement son expertise, estime Olga Trineeva.
Pour chaque voyage à la carte, on étudie la demande des clients et on
leur fait des propositions selon leurs priorités : rencontres, confort,
patrimoine, etc. Tout est étudié en fonction de leur profil : le type de
guide, le degré d’autonomie, les visites…». Parmi les derniers voyages
à la carte produits par Pouchkine, un circuit de 21 jours pour un groupe
de cinq motos qui est parti de France à la découverte des pays Baltes et
de la Biélorussie. Tout au long du voyage, l’itinéraire et l’hôtellerie se
devaient d’être moto-compatibles. Même les guides devaient accepter
de prendre place sur les motos ! « Il y a quelques années, à la demande
d’un client dont c’était le rêve, nous avons même organisé un vol dans la
stratosphère à bord d’un MIG au départ d’une base aérienne russe, ajoute
la responsable de Pouchkine. » Au-delà du piquant qu’il apporte au métier
de producteur, le développement du voyage à la carte est une aubaine
pour la production traditionnelle, car les demandes individuelles sont une
mine d’idées nouvelles. Elles indiquent les tendances à venir, comme les
hébergements chez l’habitant, l’envie de faire de la marche, de faire des
rencontres ou d’acquérir des savoir-faire… C’est par exemple en étudiant
les demandes individuelles qu’Edwige Lefèvre a eu l’idée de créer un
programme norvégien mettant l’accent sur les fjords et les Lofoten en
13 jours, en alternative à l’indétrônable cap Nord en 14 jours. Une autre
manière de travailler mais aussi d’organiser l’offre, en consacrant, par
exemple, une gamme et un catalogue dédiés aux voyages sur mesure, que
le tour-opérateur a baptisé « Entre nous ».
« Plus que jamais, nous devons à la fois être irréprochables sur les
prestations classiques, l’hôtellerie, les visites incontournables et
surprendre le client en dépassant les clichés, ajoute Olga Trineeva.
Lorsque j’étais étudiante en journalisme à Moscou et que je guidais
les Français, il y a une quinzaine d’années, tout leur semblait exotique,
ils étaient très indulgents. Aujourd’hui, les exigences ont changé : on
attend de la Russie le même niveau de service que dans tous les pays
occidentaux. Notre production doit donc s’adapter. » « C’est vrai aussi
pour les circuits classiques, renchérit Jacques Calvez. 80% de nos
circuits sont tout compris, en pension complète. Ils doivent à la fois rester
accessibles et répondre aux nouvelles attentes. C’est pour cette raison
que nous proposons des formules premium avec des hébergements et
des véhicules haut de gamme et des groupes plus restreints. Dans le
même esprit, notre production s’appuie beaucoup sur les vols réguliers
Air France au départ de province. »
Il n’y a d’ailleurs pas qu’à la demande des clients que les producteurs
de voyages doivent s’adapter. Chaque responsable de produit doit aussi
veiller en permanence aux évolutions géopolitiques locales et globales,
pour adapter son offre mais aussi répondre aux questions des clients.
« Face à des crises comme celles de l’Ukraine, nous devons tenir un
langage de vérité, explique Olga Trineeva, montrer aux clients que nous
maîtrisons réellement la destination en leur expliquant la portée de ces
événements de manière plus précise que ce qu’ils observent à travers le
prisme de l’actualité. »
TOUR-OPERATING
À gauche, en haut : Edwige Lefebvre, responsable de la production Nordiska. À
gauche, en bas, l’équipe de Pouchkine Tours ; de gauche à droite, Alena Yakovenko,
Arina Sukhoteplaya, Étienne Lescop, Ève-Lise Caillault et Olga Trineeva, responsable
Pouchkine Tours. À droite, Jacques Calvez, directeur de Production et Réservations.
Page de droite : Les bureaux du service production à Châteaulin.