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berlin

Salaün

Magazine

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chambre d’ambre, qui fut offerte par Fridriech-Wilhelm I

er

au tsar Pierre le Grand et déplacée au palais Catherine, près

de Saint-Pétersbourg. Les amateurs de résidence royale ne

manqueront pas de pousser jusqu’à Postdam, à une trentaine

de kilomètres au sud-ouest de Berlin, où se trouve le plus

intime et le plus bucolique des palais berlinois, celui de Sans-

souci. Cette résidence d’été, inspirée par les arts et entourée

de vignes, possède notamment une chambre où séjournait

Voltaire et qui porte son nom.

Si Berlin-Ouest fascinait jadis les Allemands retenus de

l’autre côté du mur, c’est cependant moins pour son patri-

moine qu’en tant que capitale de la consommation et de

l’opulence. Cette partie de la ville est d’ailleurs toujours ré-

putée pour ses grands magasins prestigieux, dont le célèbre

Kadewe, le “Harrod’s” berlinois. Les amateurs de boutiques

sillonnent toujours le Kurfürstendamm, et le quartier reste un

des hauts lieux de la mode en Allemagne.

Berlin-Ouest doit aussi sa légende à un autre quartier, qui,

géographiquement, se trouve au sud du centre-ville, celui

de Kreuzberg. Sans l’arrivée massive d’immigrés trucs, d’ar-

tistes et anarchistes en tout genre à Kreuzberg dans les an-

nées soixante-dix et quatre-vingt, le destin de la ville, en tout

cas sa réputation, ne serait pas ce qu’elle est. Le phénomène

remonte aux premières heures de la division de la ville. Pour

les Occidentaux, il n’était pas question que la construction du

mur conduise la ville à se vider de sa population. Elle devait

rester un phare du monde “libre” au cœur du bloc de l’Est.

Fortement subventionnée, la ville exemptait tout résident de

service militaire, et ses bars et clubs ne se voyaient impo-

ser aucune heure de fermeture, ce qui est toujours le cas au-

jourd’hui. Kreuzberg devient alors le quartier de prédilection

de la scène punk et anarchiste berlinoise, qui s’y est épanouie

en créant des lieux festifs, squats et communautés jusqu’à la

chute du mur. Un temps concurrencé par Prenzlauer Berg,

Kreuzberg va retrouver sa popularité dans les années 2000.

Il est aujourd’hui un des quartiers les plus vivants de la capi-

tale, mêlant hipsters et anarchistes, communautés LGBT, éco-

los, “créatifs” et autres intellosbranchés… Un petit concentré

de Berlin que ses habitants tentent de préserver des excès du

tourisme festif et de la flambée immobilière. Une bonne par-

tie de la vie nocturne se déroule dans les rues qui avoisinent

la ligne de métro aérien franchissant le magnifique pont néo

gothique d’Oberbaum. Il surplombe la Spree et marque la

frontière nord du quartier. En journée, Kreuzberg offre de

belles balades le long du Landwehrkanal et dans le Viktoria

park. Avec ses marchés et petits commerces turcs, ses restau-

rants et cafés à la déco vintage très poussée, son architec-

ture parfois audacieuse, quelques restes poétiques du Berlin

d’avant-guerre, notamment autour de la Chamissoplatz, et

un nombre incroyable de façades consacrées aux graffitis et

au street art, Kreuzberg est un quartier incontournable.

Ceux qui le trouvent trop “

in

” suivent le mouvement des ar-

tistes et populations moins aisées qui investissent progressi-

STREET

FOOD

Berlin est la ville qui compte le plus de restaurants

étoilés en Allemagne, mais son cosmopolitisme et la

devise chère aux Berlinois, “pauvres mais sexy”, font

qu’on trouve de tout et pour toutes les bourses. Citons

donc quelques plats à manger sur le pouce dont les

Berlinois sont fiers : la

currywurst

, une saucisse coupée

en rondelles saupoudrée de curry et de ketchup,

dégustée avec une Berliner Pils. Simple et efficace, elle

a même son musée ! Tendance oblige, les saucisses

végétariennes ont aussi la cote dans la capitale. On

ne sera pas surpris d’apprendre que le Döner Kebab

est considéré comme une spécialité berlinoise, vu la

taille de la communauté turque qui y vit. C’est même

ici qu’il aurait été inventé ! Agrémenté de choux rouge,

servi dans du pain grillé et mangé au comptoir d’un

des innombrables stands de rue, c’est un régal, même

par -10°C ! Côté boisson, à côté des Pils et Hefeweizen

(bières blanches) répandues dans tout le pays, la

Berliner Weisse est une variante plus aigre, dont la

tradition remonte au XVII

e

siècle – tellement aigre

qu’elle est le plus souvent agrémentée de sirop de fruit !

Le Château de Charlottenbourg,

la grande résidence royale

prussienne dans Berlin.