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Salaün

Magazine

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jeudi

Rome donc. La chrétienne, cette fois. Un orage menace et

l'abri promis par les basiliques nous donne l'espoir de passer

entre les gouttes. Promesse tenue, Dieu merci ! Voici donc

pour débuter la belle Saint-Jean-de-Latran, une des 4 basi-

liques majeures de Rome et la première pour toute la chré-

tienté. De son nom complet “basilique du Très-Saint-Sauveur

et des saints Jean-Baptiste et Jean l'Évangéliste au Latran”,

elle fut en effet la toute première église construite au monde

en 320, sur la colline de Latran, et porte sur son fronton

l'inscription latine

Omnium urbis et orbis ecclesarium ma-

ter et caput

(mère et tête de toutes les églises de la ville et

du monde). Elle est toujours l'église cathédrale de l'évêque

de Rome – du pape, donc – et un peu des touristes français

que nous sommes ce jour-là : depuis Henri IV, en remercie-

ment d'avoir préservé des rentrées d'argent, le dirigeant de la

France est chanoine d'honneur de Latran. Nos Présidents de

la République portent ce titre, et celui au pouvoir à Paris est

le seul être humain à posséder le droit de rentrer dans la basi-

lique à cheval. Ce que, sauf erreur de ma part, aucun d'entre

eux n'a encore pratiqué… Tant mieux, car le lieu majestueux

inspire respect même aux plus mécréants de notre groupe. Il

en sera ainsi à Sainte-Marie-Majeure, autre majeure, où la

nativité est célébrée dans tous les arts. Dans le marbre, pour

une statue agenouillée plus grande que nature de Pie IX, le

saint pape, dernier souverain des États de l'Église et déten-

teur du record de longévité en fonction (1846-1878). Normal,

c'est lui qui instaura définitivement le principe de l'Immacu-

lée Conception de la Vierge Marie, mère par la seule voie di-

vine. Pie IX restera du coup dans la petite histoire pour avoir

pris un marteau et un burin pour émasculer lui-même les sta-

tues de pierre des plus grands artistes qui ornaient le Vatican

et leur faire installer une feuille de vigne… Au coin d'une rue,

notre papamobile grand format nous attend pour la dernière

étape du jour, espérée avec impatience par beaucoup : le Va-

tican. De l'extérieur, pas de vraie surprise car tout le monde

a déjà vu des images de la célèbre place. “Elle fait plus petite

qu'à la télé, glisse Françoise. Mais c'est grand quant même !”

Débute alors la procession pour accéder à Saint-Pierre : une

porte pour entrer, une autre pour sortir de l'autre bord de la

façade. Et entre les deux, une foule bigarrée de toutes natio-

nalités, Asiatiques greffés d'un portable pour appareil photo

en masse. Le décor est grandiose, sauf pour les pieds piétinés

en permanence par des sandales étrangères plus ou moins

courtoises. Gros succès pour les splendides coupoles en lu-

mières ou trompe-l'œil, la

Pietà

de Michel-Ange et le tom-

beau de Jean-Paul II, la star papale. Gardes suisses et vigiles

en Ray-Ban en ont vu d'autres et font manœuvrer le troupeau

de visiteurs comme à la manœuvre. Dans la foule, j'ai égaré

la casquette que je tenais à la main. Interdiction de faire 2m

en arrière pour la ramasser au sol… Si, un jour, vous voyez le

pape François avec, merci de me prévenir.

À gauche :

la Basilique

Saint-Pierre du

Vatican, c’est un

flot continu de

visiteurs qui se

pressent tout au

long de la journée.