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berlin

Salaün

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| Page 88

LE MUR

DU SOUVENIR

Tout au long des années 1990-2000, la manière d’évoquer le mur de Berlin,

un des principaux motifs de visite pour les touristes du monde entier, a posé

problème aux Berlinois. Réticents à l’idée de mettre en valeur un vestige de la

guerre froide ayant causé tant de douleur et de drames, ils ont laissé la voie

libre aux marchands du temple, qui ont commercialisé les fragments du mur

et de sa mémoire aux endroits stratégiques de la ville, comme au célèbre

Checkpoint Charlie Tours en Trabant, comédiens en costume de soldats est-

allemand, musées privés : celui qui s’intéressait à la guerre froide était tour

à tour pris pour un pigeon par les uns et un voyeur passéiste par les autres.

Heureusement, dans les dix dernières années, les choses ont bien changé.

Des musées comme celui de l’histoire de l’Allemagne ou de la DDR ont

intégré l’histoire de la division des deux Allemagnes et du quotidien pendant

la guerre froide, et des lieux de mémoire de grande qualité ont été ouvertS,

à commencer par le mémorial officiel du mur de Berlin de la Bernauer Straβe,

au nord de Mitte. On y découvre le plus long pan du mur conservé, mais

surtout une évocation de grande qualité muséographique du système mis

en place pour empêcher son franchissement. On y fait quelques pas au sein

d’un oppressant no man’s land où trône un mirador d’origine et d’où l’on peut,

à travers les fissures, jeter un œil vers “l’ouest”. Des tiges de métal dressées

vers le ciel prolongent le parcours du mur sur plus d’un kilomètre. Des photos

d’époque de personnes ayant tenté de franchir le mur habillent quelques

immeubles, et un musée présente les documents photographiques et vidéos

les plus marquants. De sa terrasse, on contemple le mur comme avaient pris

l’habitude de le faire les dignitaires occidentaux perchés sur leurs estrades.

On se souvient notamment du tonitruant “M. Gorbatchev, faites tomber ce

mur”, lancé par Ronald Reagan depuis la porte de Brandebourg, en juin 1987.

Outre ce mémorial, un parcours matérialisé au sol a été aménagé sur

l’ancien tracé du mur. Agrémenté de 32 panneaux soulignant différents faits

historiques ou conséquences de la partition, il permet de découvrir le centre

de Berlin de manière thématique, sans s’empêcher de goûter à l’ambiance

présente des quartiers traversés.

Une autre section du mur mérite une visite, la East Side Gallery, un long pan

du mur intérieur (côté est) recouvert de dizaines de tableaux évoquant la fin

de la guerre froide, réalisés par des artistes du monde entier en 1989. Situé

au bord de la Spree, près de la Ostbahnhof, il est régulièrement restauré. On

trouve aussi un pan de mur sur le site de la Typographie de la terreur, entre

Mitte et Kreuzberg.