Salaün
Magazine
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tant transparaître une grande sensibilité, une vraie tendresse
pour ses «gars» et une fidélité sans faille à sa famille, ses
amis et à l’environnement qui le porte. C’est d’ailleurs en
famille qu’il a conçu La maison des Glazicks, l’hôtel attenant
au restaurant, ouvert il y a un an. Huit chambres de qualité
exceptionnelle qui évoquent elles aussi l’univers d’Olivier.
«C’est un prolongement logique de l’auberge, une nouvelle
bâtisse et un projet un peu fou qui va nous permettre d’aller
plus loin. On y retrouve mon environnement, des choses
personnelles comme l’hommage à mon grand-père à tra-
vers les ferronneries, la vision de la mer avec les moquettes
en galets, les tables en bois flotté, la luminosité maritime.
J’aime la simplicité mais aussi le raffinement, notamment
quand je voyage. Ici j’ai souhaité que les gens qui font le
voyage à Plomodiern baignent dans un univers qui évoque
un héritage mais aussi l’élégance et le
xxi
e
siècle. C’est aussi
un plus pour ma région. Je ne sais pas si c’est le plus bel
hôtel des environs, mais c’est celui qui ressemble le plus à
son propriétaire. Et surtout, c’est l’hôtel d’un restaurant, on
vient au restaurant et on prend une chambre pour prolonger
l’expérience». Parmi les premiers clients à avoir fait le voyage
à Plomodiern, Olivier cite un couple d’Italiens, parti tôt le
matin de leur pays, qui a dîné et dormi à l’auberge, avant
de prendre immédiatement la route du retour ! Du côté des
pensionnaires de marque, on peut aussi citer - chut c’est un
secret -, la chanteuse bretonne Nolwenn Leroy.
Les voyages d’un chef
Longtemps, les voyages d’Olivier ont essentiellement pris la
forme de lectures. « Pendant quinze ans, j’ai passé ma vie
derrière les fourneaux ou à lire, apprendre les recettes, les
régions, les chefs, les cultures… J’ai dévoré tout ce qui me
tombait sous la main pour comprendre la cuisine des autres,
les cuisines du monde. Mais depuis cinq ans, mon parcours
me permet à nouveau de voyager et c’est passionnant. J’ai
malheureusement l’image de quelqu’un de très droit, presque
rigide alors que je suis complètement ouvert d’esprit. J’aime
beaucoup aller à la rencontre des peuples et des cultures,
c’est primordial. Chaque voyage accompli apporte des chan-
gements dans une vie. A chaque retour, il y a des choses
qu’on ne fait plus de la même manière».
C’est sans hésiter qu’Olivier Bellin a accepté de participer à
un projet de beau livre qui mêle cuisine et voyage, à paraître
en septembre aux Editions Salaün. «Par fidélité d’une part
parce que je connais Michel Salaün depuis que je suis tout
jeune, mais aussi parce que c’est intéressant de faire un
livre de voyage auquel est associé la vision d’un chef qui
s’exprime sur l’univers culinaire de chaque pays et livre son
interprétation. Ce qui m’a plu, c’est que ce n’est pas un livre
de cuisine pur et dur. C’est une ouverture sur l’univers du
voyage par la porte culinaire. Les recettes sont pour la plupart
accessibles, elles sont destinées aux amoureux du voyage et
de la cuisine. Je prends beaucoup de plaisir à faire ce projet, à
donner une nouvelle interprétation des plats emblématiques
d’autre pays, c’est un challenge passionnant ».
En attendant la sortie de cet ouvrage qui proposera une
trentaine de recettes du monde revisitées par Olivier Bellin
et illustrées par les superbes photos de Bernard Galéron, le
chef finistérien prépare de nouveaux voyages. Après le Dane-
mark, le Japon, ou encore la Russie en février 2013, en
compagnie de Michel Salaün, il vient de rentrer de Djakarta,
en Indonésie, où il a défendu sa cuisine aux côtés de chefs
de renommée internationale. «J’aimerais aller aux Etats-
Unis. J’ai grandi dans les années 70-80, très influencées par
cette culture. Les USA représentent le pays où tout est per-
mis, où on peut réaliser des choses. New-York est une ville
hétéroclite, une ville de dingues. La Nouvelle-Zélande
m’attire aussi. En fait, je suis intéressé par toutes les desti-
nations. Le voyage est une source d’inspiration formidable
et pas seulement pour la cuisine». Le «Breton», comme
l’appellent ses confrères parisiens a d’ailleurs déjà embarqué
pour un nouveau voyage, vers une nouvelle étoile, la troisième.
Une étape ultime qui serait l’aboutissement d’un parcours
quasi sans faute. « Je dois beaucoup à ma mère, elle est
toujours dans le futur, elle veut toujours avancer. Elle pense
d’ailleurs souvent à sa propre mère, elle serait fière de voir
son auberge aujourd’hui. Mais attention, le futur nécessite
de se souvenir par où l’on est passé, il ne faut jamais se
renier, sinon on a peu de chance d’y arriver».
En haut, La maison des Glazicks, l’hôtel attenant à l’auberge,
ouvert en 2012. Au milieu, le borsch, un plat emblématique
des pays slaves. En bas, kig-ha-fars breton ; deux des recettes
du monde revisitées par Olivier Bellin, à découvrir dans un
ouvrage à paraître en septembre aux Editions Salaün.
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