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Salaün

Magazine

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REPORTAGE |

Les îles Lofoten

abîmés seront éliminés. Les autres, à la

belle chair blanche, seront sélectionnés

en différentes qualités. Il y en a même

14 différentes. Emballées dans des sacs de

jute, les plus prestigieuses sont exportées

sur le marché italien, tandis qu’en bout de

chaîne, les têtes de morues, qui sèchent

encore sur les claies en été, rejoindront

le Nigéria. Les sous-produits sont aussi

travaillés : farine, foies, dont on fait de

l’huile, ou encore rogue, ces œufs des

femelles que les vieux pêcheurs bretons

connaissent bien. «À la grande époque

de la pêche à la sardine, à Douarnenez,

elles étaient livrées en barils par les

armateurs norvégiens, et les pêcheurs les

utilisaient comme appâts », raconte Tone

Rothe Le Grand, guide pour touristes en

Norvège, qui vit la moitié de son temps

dans l’ancienne cité penn sardin bretonne

depuis de nombreuses années.

La route touristique E10

Allez ! On quitte le poisson mais pas son

milieu naturel, cette eau qui, partout,

sur l’archipel, empiète sur la terre ferme,

entre fjords, lacs, chenaux et bras de

mer. Joyau en soi, la route touristique

E10 serpente et ondule du sud au nord

de l’archipel, en offrant une succession

de routes, ponts, voire pontets, tunnels

et zigzags, à quelques mètres de la mer,

révélant des vues splendides. À l’image

de cette arrivée sur Henningsvær, que

certains appellent la Venise des Lofoten.

Entourée d’un chapelet d’îlots, ce village

de 500 habitants a beau être une place

forte du tourisme, il reste le miroir encore

bien vivant de cette vie portuaire que l’on

retrouve un peu partout aux

Lofoten : présence de chalutiers,

maisons de pêcheurs sur pilotis,

culture de la morue séchée. En

se baladant sur les quais colorés

du port, on peut encore admirer

le travail des marins-pêcheurs,

et imaginer l’agitation d’antan,

à l’époque des grandes pêcheries des

Lofoten, lorsque plus de 6000 pêcheurs y

vivaient de janvier à avril.

Autre étape incontournable : Reine,

charmant petit port de plaisance protégé

de part en part par des montagnes de

toute beauté, et désigné régulièrement

par les Norvégiens eux-mêmes comme le

plus beau village du royaume. Difficile à

démentir lorsqu’à la sortie d’un tunnel,

surgit de la route la vision de ces rorbuer

aux couleurs étincelantes (dont certains

sont coiffés d’un toit herbeux) se mirant

dans les eaux turquoise du Kirkefjord. Ici,

les plus courageux décideront de gravir le

Reinebringen, sommet de 450 m qui offre

un panorama grandiose sur la commune

lovée au milieu d’un superbe cirque de

montagnes. Dans ce cadre idyllique, tout

est fait pour garder le touriste, avec de

multiples propositions, dont les balades

en kayak de mer, qui permettent aux

participants de s’offrir une excursion dans

l’onde paisible du fjord, jusqu’à Hamnøy,

minuscule port de pêche au charme

incomparable, avec en prime sa boutique,

où l’on peut déguster de la morue séchée,

des hamburgers au poisson (succulents !)

ou à la viande de baleine.

Les Vesterålen,

Thalassa

grandeur nature

Cinquième jour, déjà. On n’a pas vu le

temps passer, alors que se présente la

courte traversée en ferry entre Fiskebøl

et Melbu. Au revoir le mur abrupt des

Lofoten, bonjour les formes douces et

arrondies des Vesterålen. Nous voici

donc plus au nord, dans cet archipel

voisin moins prisé des touristes mais au

caractère tout aussi sauvage. En témoigne

cette apparition furtive d’un renne devant

notre pare-chocs à l’entrée d’un virage.

Nous arrivons à Stokmarknes, qui abrite

le musée de l’Hurtigruten, l’express côtier

de Norvège. Le temps de poser nos va-

lises, nous mettons cap plein nord, pour

visiter Nyksund, sur l’île d’Andoya. Ce

petit village perdu est niché au bout

d’une piste qui serpente entre les fjords

peuplés de fermes à saumons. Ici, pas

de béton, et bien peu d’infrastructures

hôtelières. Malgré les quelques touristes

qui visitent la localité à la belle saison,

Nyksund reste une oasis de paix et de

tranquillité.

On retrouve la route qui conduit à An-

denes, tout en haut des Versterålen.

Cette bourgade de 2700 habitants étale

ses rangées de maisons contemporaines,

toutes colorées différemment, en front de

AU REVOIR LE MUR ABRUPT

DES LOFOTEN,

BONJOUR

LES FORMES DOUCES ET

ARRONDIES DES VESTERÅLEN.

Le Village d’Henningsvær