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dossier

spécial

|

russie

Salaün

Magazine

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transport des Moscovites. L’époque s’apprête en effet à entrer

dans un des événements majeurs du

xx

e

siècle et les prémices

de la guerre se font déjà sentir. Aussi Staline a-t-il, dans le

plus grand secret, décidé que le métro servirait de refuge pour

la population moscovite sous les bombes allemandes et que

sa réalisation permettrait, dans le même temps, de construire

discrètement un certain nombre de bunkers. Parallèlement

à la construction du métro, un réseau à part entière est donc

édifié : « Métro 2 ». Ce réseau classé secret défense reste tou-

jours fermé au public, et son existence est d’ailleurs contestée

par le Kremlin. Car il ne s’agit, en réalité, ni plus ni moins que

d’une vaste installation militaire reliant des bases militaires,

bunkers et centres de commandement par des tunnels sous

des terrains situés aux quatre coins de Moscou.

Toujours dans le cadre de ces grands travaux de transforma-

tion de la ville, Staline annonce, en 1933, l’édification d’un

stade olympique de plus de 120 000 places, relié au métro, à

Izmaïlovo, un district de Moscou situé à l’est du Koltso et dé-

sormais connu pour son grand marché aux puces. La presse

s’en fait alors l’écho en des termes pour le moins laconiques :

«Afin d’assurer la tenue adaptée de compétitions sportives

et athlétiques, un stade central de l’URSS va être construit

dans la ville de Moscou ». Mais ce qu’ignore la population,

c’est qu’en même temps que le chantier du stade voit le jour,

débute, à quelques mètres sous terre, l’incroyable construc-

tion d’une forteresse invisible dont on ne découvrira l’exis-

tence que bien plus tard. Si les Allemands devaient prendre

le Kremlin, Staline et son gouvernement emprunteraient

«Métro 2 » jusqu’à cette installation.

Plus qu’un bunker, c’est en réalité un véritable palais sou-

terrain que Staline a connu sous cet aspect. Les chiffres sont

vertigineux : 93 000 m² de surface, quatre niveaux de pro-

fondeur qui s’étendent sous une colline adjacente au stade,

et un réseau souterrain de routes directement reliées au

Kremlin, situé à plus de 17 kilomètres. Chaque pièce a été

pensée pour résister à l’épreuve des bombardements grâce

à plusieurs épaisseurs de béton armé ; on y cache des armes,

des vivres et même des chars – il se murmure que plus de

300 véhicules attendaient ici garés. La salle principale a été

construite en rotonde et son dôme intègre une multitude de

pots de terre vides afin d’optimiser l’acoustique de la pièce -

détail qui n’en est pas un lorsque l’on sait que Staline avait

une voix très faible et que ce procédé, caractéristique des

églises russes, permettait de créer une réverbération ampli-

fiée qui, au contraire des microphones, était indétectable par

les outils de surveillance.

un lieu

imprégné d

histoire

Aumilieu du décor, une immense table ronde où l’on imagine

volontiers généraux et hauts dignitaires discuter tactique et

politique, tout en veillant à ne jamais contredire l’homme

de fer. Quelques mètres plus loin, après un petit escalier, se

trouve le bureau de Staline. L’endroit est sans prétention et

contraste avec la stature de son propriétaire. Sur une table

de travail, trois anciens téléphones noirs trônent (l’un pour

établir le contact avec le gouvernement, l’autre avec le quar-

tier général des armées, le dernier avec le KGB), un cendrier

En haut : une exposition des divers objets reliés à Staline et à son époque.

En bas : un jeu de guerre aux allures d’échiquier offert par la Pologne à Staline.