Salaün Magazine N°6 - page 74

Salaün
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L
e Boeing 737 d'Air China attend
déjà sur la piste les visiteurs
étrangers qui s'apprêtent à quit-
ter la Corée du Nord. Un dernier
signe aux guides qui ont tenu
jusqu'au bout à s'assurer du bon dérou-
lement des formalités de départ et l'avion
s'élève déjà au-dessus de la campagne
nord-coréenne, parsemée de villages tra-
ditionnels en bordure desquels des milliers
de paysans terminent la récolte de l'orge et
du maïs. Sur la « route » du retour - après
un passage obligé vers Pékin -, je suis
presque surpris de l'émotion qui me gagne
en me repassant mentalement le film du
voyage qui s'achève. C'est un pays et un
système hors du temps à bien des égards
qu'on laisse derrière nous, mais c'est aussi
un peuple, entrevu derrière la fenêtre du
véhicule qui nous a convoyés quotidien-
nement. Malgré la distance imposée, une
complicité timide s'est installée avec nos
guides et je repars avec bien des questions
sans réponses mais aussi le souvenir des
sourires et des exclamations enthousiastes
qui ont fleuri de la bouche d'écoliers, d'une
jeune maman dans le métro.
Pyonyang, six jours plus tôt
Un essaim de mini-bus quitte l'aéroport
de Pyongyang en direction des quelques
hôtels où sont hébergés les visiteurs
étrangers. Deux d'entre eux se détachent
dans le ciel de Pyongyang : le Koryo et
ses 500 chambres réparties dans deux
tours de 43 étages, visibles en tout point
de la ville. Le mien, le Yanggakdo, se
dresse sur une île au mi-
lieu de la rivière Taedong.
C'est le plus grand hôtel
du pays - mille chambres
sur 47 étages - qui do-
minent la ville. Pour bon
nombre de ceux qui ont
visité la Corée du Nord,
l'hôtel concourt au dépay-
sement ressenti. Son cachet très « guerre
froide » avec restaurant tournant au
sommet, assorti d'un espace de loisirs
hors d'âge, surtout fréquenté par les
Chinois, fait d'un séjour au Yanggakdo
une expérience à part entière. Lorsque
l'hôtel Ryugyong - une pyramide futu-
riste de 105 étages dont la construction
a débuté en 1987- sera achevé, les trois
hôtels de la capitale formeront un trio
insolite, à l'image de nombreuses autres
réalisations archi-
tecturales nord-co-
réennes.
Dès les premiers kilo-
mètres sur l'asphalte
coréen, quasiment
désert en dehors
de Pyongyang, on
découvre la méca-
nique bien huilée du
«voyage en Corée du nord». Ici, on circule
toujours en compagnie de deux guides et
d'un chauffeur. Le rythme des visites est
soutenu et soigneusement orchestré. En
fonction des circuits retenus, certaines
visites sont ajoutées ou retirées du menu
touristique. Celle de l'arc de triomphe
monumental qui célèbre le rôle du pré-
sident Kim Il Sung dans la résistance et
la victoire en 1945 contre l'occupant
japonais est incontournable. Elle donne
le ton d'une visite de la capitale, dont
une bonne part est consacrée à la visite
de monuments célébrant le régime mis
en place par Kim Il Sung, ses grandes
« coréen et communiste : un
univers doubLement éLoigné
du rythme et des habitudes
de vie occidentaLes».
Les tombeaux du
roi Kongmin, un
des douze sites
classés au patri-
moine mondial de
l'uNeSCo dans
l'agglomération de
Kaesong, au sud
du pays.
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