Salaün Magazine N°6 - page 76

Salaün
Magazine
|
Page 76
permet d'appréhender une partie de la
culture, des traditions et de l'histoire de
la Corée - et donc de l'Asie -, notamment
sa gastronomie, qui est largement restée
traditionnelle. Les restaurants de Pyong-
yang et Kaesong servent la plupart des
spécialités qu'on retrouve des deux côtés
de la frontière, à commencer par le Kimchi,
un plat national, fait de radis blanc, de
choux chinoix, de piments et de légumes
fermentés. A Kaesong, le repas « royal »
est composé de nombreux banchans,
des petits plats très variés (légumes à la
vapeur, poissons et viandes en beignets,
plats sautés en sauce, galettes, plats en
bouillons, etc.). A Kaesong, dans l'hôtel
d'architecture traditionnelle qui accueille
la plupart des visiteurs, l'occasion leur
est d'ailleurs donnée d'apprendre
à battre les galettes de riz sur
une pierre à l'aide de gros
maillets. C'est aussi dans cette
ville qu'est vendu le meilleur
Gingseng du pays, et pour
certains du monde. Il est vendu
sous toutes ses formes, racines, poudre,
thé et même bonbons pour enfant. Les
visiteurs sont aussi invités à ramener
des champignons séchés, aux vertus
bénéfiques pour la santé.
Sur la traces de la dynastie Koryo
Kaesong est aussi une étape qui permet
de découvrir d'autres aspects de l'histoire
coréenne, en commençant par sa vieille
ville, composée de maisons basses de
style traditionnel. Capitale de la dynastie
Koryo, qui régna sur le pays pendant la
plus grande partie de notre moyen-âge,
Kaesong fut aussi le principal centre
d'enseignement du confucianisme dans
le pays. On y visite toujours la paisible
université confucéenne de Songgyun-
gwan, principal centre philosophique et
académique coréen pendant des siècles.
On y découvre l'histoire du royaume de
Koryo et deux de ses principaux apports
à la culture mondiale. L'un concerne la
céramique avec l'invention de la technique
du Céladon, un émail bleu-vert avec des
incrustations. L'autre a trait à l'imprime-
rie : c'est ici qu'on peut admirer les tout
premiers caractères mobiles d'imprimerie
de l'histoire.
A quelques kilomètres de la ville, dans un
paisible paysage de collines, la visite des
magnifiques tombeaux du roi Kongmin,
membre de la dynastie Koryo est enchan-
teresse. C'est un des nombreux sites de la
région de Kaesong classés au patrimoine
mondial de l'UNESCO. Un site qui, sous
d'autres latitudes, serait sans aucun
doute pris d'assaut par les visiteurs. La
perspective d'une réunification des deux
Corée - officiellement souhaitée par Séoul
et Pyongyang- inquiète d'ailleurs les pro-
fessionnels du tourisme qui ne sont pas
forcément préparés à la marée humaine
qu'on peut prévoir lorsque la frontière
sera ouverte. En attendant, le site des
tombeaux est d'un calme absolu. D'autres
tombes non restaurées parsèment ici et
là les collines environnantes. Elles for-
ment des petites buttes qui rappellent les
tumulus et cairns que l'on rencontre dans
d'autres endroits du monde, notamment
sur la façade atlantique de l'Europe. En
s'arrêtant sur le chemin de terre qui mène
aux tombeaux, fréquenté par quelques
cyclistes en uniforme, on aperçoit, à
l'horizon, la Corée du Sud et sur la droite,
la mer Jaune. Ici, le souffle du vent et de
l'histoire mêlés renforce le sentiment d'être
dans un endroit exceptionnel.
Pyongyang,
une expérience hors du temps
De retour à Pyongyang, jour après jour,
on se rend compte que la Corée du Nord
confirme à la fois certains préjugés et
contredit en même temps bien des cli-
chés. Des voitures, il y en a et de plus en
plus, même si elles n'appartiennent pas à
leurs utilisateurs mais à leur employeur,
l'Etat. De la lumière aussi, beaucoup, sous
toutes les formes, notamment de LED.
Des sourires sur les visages des enfants
qui vous interpellent, des femmes et
des hommes qui vous saluent. En partie
grâce au tourisme, l'étranger devient peu
à peu une figure familière, en tout cas à
Pyongyang. Dans le métro, dont on visite
quelques stations richement ornées de
fresques socialistes, les enfants chahutent
et on s'étonne de pouvoir prendre la pose
avec une coréenne et son nouveau-né.
Bien sûr, le nombre impressionnant de
militaires allant et venant dans toute la
ville ne manque pas de frapper le visi-
teur. Tout comme les employés affectés à
toutes sortes de missions d'intérêt général
comme la coupe des pelouses publiques à
la faucille. Étonnantes aussi, ces préposées
à la circulation en uniforme et socquettes
blanches, qui régulent le trafic d'un geste
assuré mais ne ratent pas l'occasion de
sourire aux véhicules de touristes qui
En haut, la campagne aux alentours de Kaesong, parsemée de tombes de la dynastie Koryo.
En bas, à gauche, un assortiment de plats traditionnels coréens, qui forme le menu « royal »
traditionnel de Kaesong. A droite,
l
e kimchi, plat national coréen composé de radis blancs, de
choux chinois, de piments et de légumes fermentés.
Vase koryo traditionnel
émaillé en céladon.
1...,66,67,68,69,70,71,72,73,74,75 77,78,79,80,81,82,83,84,85,86,...100