Previous Page  29 / 116 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 29 / 116 Next Page
Page Background

dossier

spécial

|

afrique

Salaün

Magazine

| Page 29

comme

cape

town

La ville du Cap, Cape Town, a une place à part dans le cœur de

tous les Africains du Sud. Pour chacun, c’est “la citémère”, celle

par où tout est arrivé de bonheur ou demalheur. Baptisée en

référence à Bonne-Espérance, lamétropole, capitale législative

de quelque 500 000 habitants, a pris naissance dans le City

Bowl, une cuvette encastrée entre TableMountain et les collines

de Lion’s Head et Signal Hill. Au fil des années, elle a absorbé

les villages environnants, devenus autant de quartiers aux

charmes personnels. Depuis l’aéroport, tout guide en présentera

le premier bâtiment emblématique, l’hôpital où le professeur

Christiaan Barnard réalisa, le 3 décembre 1967, la première

transplantation cardiaque aumonde. L’Afrique du Sud n’était

alors pas peu fière de promouvoir son avance technologique

alors que la communauté internationale boycottait le pays

pour cause d’apartheid. La ville fut toujours un rien à part

dans le pays. Une forte population demétis ymettait àmal les

critères raciaux blancs-noirs, et les habitants vivaient sans trop

de problème de voisinage avec les communautés indiennes.

Pourtant, c’est du Cap que viendront lesmetteurs en scène

de l’apartheid, dont le Français d’origine Daniel Malan. Une

ambivalence qui fait toujours du Cap une ville à nulle autre

pareille. Les start-up et innovateurs y sont à la pointe, tandis

que, dans des rues du vieux centre-ville, au style Louisiane, les

voitures de police ramassent des accros du crack, drogue du

pauvre. Rien donc de bien différent avec beaucoup de capitales

européennes. Sauf qu’ici, le cadre, lamusique et la bonhommie

naturelle des habitants annoncent un séjour qui restera dans

lesmémoires, pour qui aime à garder les yeux curieux.

comme

franschhoek

Franschhoek, le “coin des Français” en néerlandais, est

une ville incontournable de la région du Cap. Les premiers

migrants français y furent installés par les Hollandais pour

lancer la viticulture sur des terres alors ingrates (lire H comme

huguenots). Face à une population hollandaise d’ouvriers et

employés, les Français, pour la plupart cultivés et entrepreneurs,

deviennent une élite qui marquera l’histoire du pays jusqu’à

aujourd’hui, malgré la volonté vite dévoilée des Hollandais

d’effacer l’origine de ces nouveaux habitants. Les pasteurs

arrivés avec leurs ouailles se voient interdire de prêcher dans la

langue deMolière, puis l’enseignement du français est proscrit

et les noms de familles hollandisés de force pour nombre

des nouveaux venus. Dans l’actuel musée des Huguenots de

Franschhoek, cettemémoire est réhabilitée. On y apprend ainsi

ce que des patronymes devinrent : la famille Pinard rebaptisée

Pienaar, comme François Pienaar, capitaine des rugbymen des

Springboks, équipe championne dumonde en 1995, les Leclerc

devenus De Klerk, comme Frederick De Klerk, Premier ministre

qui libèrera NelsonMandela, les Théron perdant juste l’accent

aigu, comme Charlize Theron, mannequin et actrice…

C

En haut : au cap de Bonne Espérance, un long panneau marque la pointe

du continent africain, derrière lequel chacun pose pour la postérité.

En bas : si plus personne ou presque ne parle encore français au quotidien,

les rues et enseignes de Franschhoek, le coin des Français en néerlandais,

ont gardé les sonorités de la langue des premiers colons venus de France.

F