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Salaün

Magazine

| Page 28

B

comme

afrique

du

sud

Avant de faire route vers notre destination, la région du Cap,

il serait particulièrement demauvais goût de pratiquer une

sorte d’apartheid envers le reste de l’Afrique du Sud ! Apartheid,

voilà bien unmot qui a nui, de 1948 à 1991, au rayonnement du

pays. L’histoire de l’Afrique du Sud est d’une complexité inouïe,

faite de guerres civiles, de compositions d’États indépendants

de courte durée, d’alliances parfois contre nature, de poids

de la Couronne britannique, de revendications identitaires,

de colonialisme forcené, de racisme et d’égalitarisme

militants. Elle n’est devenue une république unie qu’en 1961,

et constitutionnellement multiraciale en 1994. Bannie par la

communauté internationale pour sa politique d’apartheid,

l’Afrique du Sud est longtemps restée à l’écart des circuits

de tourisme. Aujourd’hui, ses 1,2million de km

2

et plus de

55millions d’habitants sont devenus une destination hors

pair, riche et fière de ses cultures, 11 langues nationales

et 3 capitales, Pretoria, l’administrative, Bloemfontein, la

judiciaire, et Le Cap, la législative. Le pays conjugue aussi

trois climats qui en font un spot à fréquenter à tout moment

de l’année. Du côté de Johannesburg, un climat africain, du

côté de Durban, un climat indien, et au sud, vers Le Cap, une

ambianceméditerranéenne. C’est là que nous nous dirigeons.

comme

cap

de

bonne

-

espérance

Les Portugais furent les premiers à découvrir, en 1488, le cap

de Bonne-Espérance. Mais il faudra près de deux siècles pour

qu’une base européenne soit installée à terre, en 1652, et cette

fois par les Hollandais. La Compagnie hollandaise des Indes

orientales y voit l’intérêt d’un comptoir en pointe du continent

africain pour fournir des aliments frais aux équipages décimés

par le scorbut lors du long voyage vers l’Asie, vrai objectif de

toute l’Europe de l’époque. Suivra la création de la ville du Cap,

plus au nord. Intégré au TableMountain National Park, Bonne-

Espérance est un des passages obligés de tous les navigateurs

depuis le XV

e

siècle et, aujourd’hui, des skippers du Vendée

Globe. Cette réserve naturelle très protégée n’est pas en fait la

pointe la plus extrême de l’Afrique, mais l’histoire veut qu’elle soit

le lieu de basculement entre l’Atlantique et l’océan Indien. Après

passage des gardes qui gèrent le flux de fréquentation pour

protéger le site, la route serpente entre landes et bosquets sur

une terre caillouteuse aride. Et la surprise est au coin d’un virage

voici des zèbres desmontagnes, des autruches nonchalantes

sur les plages, des élands improbables en ces lieux, desmilliers

d’oiseauxmarins et des babouins… Et là, prudence, l’animal n’a

aucun sens de l’humour, n’est pas peureuxmais très voleur. Gare

aux fenêtres ouvertes des voitures, car il repère un sandwich

ou un fruit de loin et n’aura de cesse de se l’approprier, à coups

de griffes ou demorsures s’il le faut. Au bout du chemin, c’est

lemoment historique où l’on posera pour l’éternité sur une

photo derrière la longue barrière de bois frappée dumessage

en afrikaner et anglais : “

Cape of Good Hope, themost south-

western point of the african continent

”, suivi de la longitude et la

latitude. Si c’est écrit, c’est que c’est vrai ! Et pour nombre de

primo-visiteurs, le plaisir est alors demarquer lemoment en

ouvrant une bouteille de champagne… ou équivalent local.

A