SALAUN Magazine n°4 - page 27

Nous savions que cette étape serait la plus dure.
Nous l’appréhendions. Par sa longueur : plus de
900 kilomètres. Mais surtout parce qu’elle nous
faisait traverser un grand désert blanc. La route
qui mène de Mourmansk à Petrozadovsk, une
ville de 250 000 habitants à 400 kilomètres dans
le nord-est de Saint-Pétersbourg, s’enfonce dans
la Carélie profonde, simple saignée dans une
forêt sans repères.
Pour résumer les choses : nous avons fait plus de
900 kilomètres sans traverser un seul village, une
seule ville, ni voir une habitation, à l’exception
de quelques stations-service et de quelques
cafés routiers dont certains étaient inaccessibles
en raison de la couche de neige.
Car il avait neigé sérieux durant les dernières
vingt-quatre heures dans la région.
Au départ de Mourmansk –que nous avons
quittée à 8h – l’affaire semblait gérable. Pas
simple, encore moins agréable, mais gérable.
C’est après 400 kilomètres que la situation est
devenue plus inquiétante. Les bas-côtés de la
route, noyés dans une épaisse couche de
poudreuse, ne laissaient qu’une petite bande
centre à peu près roulante. Mais si elle l’était
pour nous qui descendions, elle l’était aussi pour
tous les camions et voitures qui remontaient. Le
problème, c’est quand arrivait l’inévitable
moment où il fallait se croiser et se rabattre sur
une berge indéfinie et pleine de mauvaises
surprises. Même le brave Olaf y perdait son
envie de danser, quand ses roues se noyaient
dans cette mauvaise soupe. Ses pneus cloutés,
efficaces sur la glace mais dérisoires dans une
telle neige, rendaient alors les armes et le
laissaient s’embarquer dans des dérapages et
des glissades impressionnantes.
Seul le coup de volant très sûr de Michel nous
permit de nous sortir sans dommage de ses
pièges encore plus imprévisible lorsque la nuit
tomba vers 16h.
Fort heureusement, au fur et à mesure que nous
gagnions dans le sud, les conditions de
circulation s’améliorèrent, sans pour autant
devenir faciles et agréables. La route était plus
large et il avait beaucoup moins neigé. La pause
du midi, dans une station-service, fut rapide,
même si le bœuf strogonoff de la patronne nous
fit le plus grand bien.
Tout cela pour vous dire que l’arrivée à
Petrozadovsk, vers 20h30, fut accueillie avec
soulagement. Nous savions que nous avions fait
le plus dur. Et que nous nous en étions bien
sortis.
Merci Olaf, merci Michel !
Etape 9 - Mercredi 9 février : Mourmansk / Petrozavodsk (930 km)
On dirait pas le Sud…
Le Grand Raid Arctique
Salaün Magazine
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Sur la route de Petrozavodsk.
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