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un

tour

en

ville

|

lisbonne

Salaün

Magazine

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du fado prennent leur source dans le bouillonnement social, poli-

tique et culturel du pays au XIX

e

. Improvisé à l’origine, le fado était

aussi un chant porteur de messages, parfois politiques, qui fut

même interdit par les autorités. Accompagné d’un instrument à

doubles cordes pincées qui rappelle le cistre, la guitarra portu-

gaise, il est né dans les ruelles de l’Alfama et surtout de la Mou-

raria, un ancien quartier arabe longtemps délaissé par les plani-

ficateurs lisboètes. Réhabilité ces dernières années, ses ruelles

serrées et populaires attirent désormais lisboètes et touristes

en quête d’authenticité. Des voix, des notes de musique, des ef-

fluves de repas en préparation s’échappent d’intérieurs plongés

dans l’obscurité. Le linge sèche entre les immeubles, dont les

plus hauts étages semblent se rejoindre. Visiter la Mouraria au-

jourd’hui, c’est retrouver l’ambiance populaire, un peu confinée,

presque intimidante qui était autrefois celle de l’Alfama. Au dé-

but du XVIII

e

, ce quartier où vivaient aussi de nombreux gitans a

vu naître une légende : Maria Severa, une prostituée qui chantait

et s’accompagnait à la guitare portugaise. Elle fut une des pre-

mières interprètes de fado et ouvrit la voie àde nombreux talents,

dont la plus célèbre reste AmaliaRodriguès, décédée en 1999. Le

fado est marqué par des influencesmusicalesmédiévales, mais

aussi arabo-andalouses en particulier dans le chant. On pense

aussi qu’il a été influencé par les sonorités importées du Nou-

veau Monde. Il a évolué au fil des époques, failli disparaître, mais

bénéficie d’un regain d’intérêt, porté par le tourisme et une géné-

ration de jeunes chanteurs. Le fado dit “traditionnel” est plus co-

difié, tandis que le fado authentique laisse une part plus grande

à l’improvisation. Unmusée lui est entièrement consacré au pied

de l’Alfama. Lisbonne compte des dizaines de maisons de fado

où l’on dîne le plus souvent et qui vont des plus touristiques aux

plus authentiques. On les trouve surtout dans le BarrioAlto et l’Al-

fama. L’ambiance y est souvent grave et empreinte de respect

pour les artistes. Les Lisboètes cherchent à se laisser gagner par

le fado, un sentiment qui vient de l’intérieur. Les yeux se ferment

pour mieux murmurer du bout des lèvres leur saudad, la mélan-

colie portugaise.

le

28,

un tramway nommé désir

Les

electricos

, ces vieux tramways rouges ou jaunes de Lisbonne,

ainsi que ses trois funiculaires qu’on appelle ici des

elevadors

,

concourent à son charme intemporel. Les tramways anciens

sont d’authentiques mécaniques du début du xx

e

siècle, réguliè-

rement “reconditionnées”. La ligne 28, malheureusement victime

de son succès, est la plus connue car elle permet de découvrir les

plus beaux quartiers historiques de Lisbonne. Elle relie l’Alfama

au Chiado en passant par Baixa. Mieux vaut éviter les milieux de

matinée et la première partie de l’après-midi pour l’emprunter car

l’attente est longue. Moins connuemais idéale pour découvrir les

quartiers qui enserrent les pentes du château, la ligne 12

E

offre le

même charme rustique que la 28, l’affluence enmoins.

Côté funiculaire, l’Elevador da Glória est le plus emprunté de la

capitale. Il relie le quartier du Rossio au Barrio Alto. Plus pitto-

resque car bordé de petits bars et cafés, le funiculaire de Bicos,

qui descend du Barrio Alto vers les quais du Tage, est le préféré

des photographes. Moins connu, bien que charmant et plus pen-

tu, le funiculaire de Lavra, qui part d’une ruelle proche de l’avenue

de la Liberté, donne accès à une colline et un quartier très vivant

oublié des touristes.

Une photo d’Amalia Rodriguès, “la reine du fado”, sur un mur du

quartier de la Mouraria. Elle fut la plus grande interprète de fado

du

xx

e

et fit connaître cette musique dans le monde entier.