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Salaün

Magazine

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culture

sans

frontière

|

prague

teau, et Mala Strana, littéralement ‘le petit côté’ pour dési-

gner la rive gauche de la Vltava, explique Katerina. Plutôt

négligée par les Habsbourg qui lui préféraient Vienne, Prague

s’est développée par le commerce et l’afflux des marchands

de toute l’Europe amenant ainsi des échanges culturels dont

l’architecture est une des traces.” Un regard circulaire sur la

place de la Vieille Ville suffit à s’en convaincre : de l’horloge

astronomique médiévale aux façades style renaissance, art

nouveau, rococo, gothique et leurs versions néo, en passant

par l’imposante sculpture de Jan Hus du xx

e

siècle ou l’église

Saint-Nicolas, baroque du

xviii

e

, cet écrin où s’agitent des

milliers de touristes, de cracheurs de feu, de cuiseurs de jar-

rets de porc, de loueurs de Segways, de musiciens, de faiseurs

de bulles de savon, laisse bouche bée !

Staré Mesto et Nové Mesto, la vieille et la nouvelle ville,

entremêlent tous les courants architecturaux sans qu’un

domine. Et souvent, ils se superposent. On s’amuse alors à

débusquer, au hasard d’une ruelle, une arche gothique cou-

pée en deux pour accueillir une porte plus récente, un étage

Arts déco monté sur un rez-de-chaussée renaissance, deux

immeubles fonctionnalistes des années vingt encadrant un

étroit palais baroque… Les a priori s’écroulent : ici, cet impen-

sable

melting-pot

se révèle agréable à l’œil et donne son liant

à l’ensemble de la capitale de Bohême. Jusqu’à la Maison de

la Vierge noire, qui doit son nom à la statue de son angle,

mais est un défi architectural cubiste voulu par Josef Gocár

,fervent défenseur d’une déclinaison de la peinture cubiste,

en vogue à l’époque, dans le bâti. Et tout proche, place de

la République, la tour poudrière néogothique voisine avec

des supermarchés et la somptueuse Maison communale,

construite au début du xx

e

siècle pour que les Tchèques, en

souffrance de reconnaissance face à la culture allemande,

alors majoritaire, y expriment leurs arts et se rencontrent.

Salles de concerts, d’expositions, brasseries, cafés en oc-

cupent les étages dès le sous-sol pour une animation per-

manente empreinte d’art de vivre typiquement pragois. C’est

de ses balcons que les Tchèques proclamèrent leur indépen-

dance en 1918, puis négocièrent la révolution de velours avec

Vaclav Havel, fin 1989 pour la sortie du bloc soviétique. À

quelques encablures, la place Venceslas confirmera le plaisir

d’avoir choisi Prague pour respirer un vent de liberté. Retour

sur nos pas en direction de la place de la Vieille Ville à tra-

vers venelles animées et terrasses gourmandes. Au passage,

impossible de manquer l’église inachevée de Notre-Dame-

des-Neiges, dont seul le chœur fut construit avec un autel

baroque primitif en forme de colonne de 29m, la plus haute

de Prague. Sans oublier l’église Saint-Jacques, passée du go-

thique au baroque dans un déchaînement d’ornementations.

À gauche : la place de la Vieille Ville avec ses musiciens.

À droite : auprès de l’horloge astronomique, incontournable

de Prague, une façade aux motifs d’inspiration vénitienne.